du baron de PENACORS au cardinal MAZARIN
Penacors11
Ce 13 octobre 1652
celle-ci est pour répondre aux lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire du 5 et du 7 du courant ce qui a continué à me persuader que Monsieur le Cardinal de Retz vouloit servir la reine et votre eminence, est que lorsqu’il a été à la cour, il en a donné sa parole à la reine, ainsi qu’elle vous l’aura mandé, et la conférence qu’il fit avec Monsieur Servien et Monsieur Le Tellier vous ayant été rapportée, comme je crois ainsi qu’elle fut, vous aura bien fait juger que ses sentiments étaient tels. Ce que Madame la princesse Palatine vous en aura mandé comme en sachant plus particulièrement le détail a dû vous confirmer son dire, dans toutes ces conférences l’on lui avait promis de lui donner part de ce que l’on voudroit faire, et ce que l’on a voulu entreprendre dans Paris ne lui ayant été communiqué, toutes ces choses lui ont dû donner lieu de croire que l’on ne voulait pas se concerter avec lui, cela ne l’empêche pas de vouloir servir le roi, et ce qu’il m’en a écrit que j’ai fait voir à Madame la princesse Palatine le jour que l’on est parti de Pontoise est une marque infaillible de la résolution en laquelle il est que j’ai cru vous le devoir mander mot à mot. Dites à Madame la princesse Palatine que l’on ne sauroit rien faire de bon à Paris si l’on n’envoie l’amnistie générale, et qu’elle soit adressée au parlement de Paris, c’est à dire la réunion des deux parlements, que cela étant on s’engage à pousser les factieux. La presence de ... ... feroit encore bien mieux cet effet, mais sans l’une ou l’autre de ces choses il n’y auroit point d’homme qui puisse servir utilement le roi on le verra par l’événement, mais si l’on ne veu rien faire que de concert avec lui il est pret de faire tout ce qu’il faudra et tout ce qui sera utile au service du roi. des aussitot que Madame la princesse Palatine m’aura dit la résolution que l’on aura prise, je la lui ferai savoir à telle fin qu’il ne puisse mettre en état de rendre en toutes occasions. à présent que Madame la princesse Palatine est en état de pouvoir agir ce sera à elle que je rendrai compte de ce que je saurai, laquelle vous fera savoir le secret de tout ce qui se fera, ce mot m’oblige à vous supplier que le secret soit gardé, car la personne que vous savez désire que ses résolutions ne soient sues que de vous et de Madame la princesse Palatine. Pardonnez à ma liberté et faites moi l’honneur de croire que je suis en effet votre très humble et très obéissant et très fidèle serviteur.
PENACORS