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Mémoires de Joseph BARBA

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1889-1894 Le Creusot Notes sur le Creusot Références des notes

Divers

Parmi nos voyages en Italie, à la Spezzia[267], j’en citerai un que je fis avec Bouvard et le Commandant Rognetta en 1882, au moment où le choléra régnait fortement dans la ville qui était entourée d’un cordon de troupes empêchant tout le monde de sortir.
Rognetta nous attendait à Pise où il venait d’installer un chemin de fer sur route à voie étroite dont il était enchanté et dont il voulait nous faire les honneurs. Montés tous les trois sur la locomotive, nous parcourûmes assez agréablement une vingtaine de kilomètres sans autre incident qu’une voiture tamponnée sur la route. Heureusement le conducteur n’eut aucun mal, tout se borna à quelques dégâts matériels.
Nous songeâmes alors à aller nous enterrer à Spezzia. L’entrée dans la ville fut lugubre, le cimetière, à côté duquel on passait, paraissait un champ nouvellement labouré. Les hôtels étaient absolument vides et on fut stupéfait de nous voir arriver. Pendant 3 ou 4 jours, nous ne bûmes que du vin d’Asti mousseux en fuyant tout emploi de l’eau contaminée. Je ne voulais envoyer à Marie que des dépêches sans aucune lettre.
Notre visite s’étant heureusement terminée, nous pûmes partir par mer avec un canot à vapeur du port de l’arsenal. Nous débarquâmes au petit port de Porto Venere après une ravissante promenade en mer, craignant à chaque instant d’être poursuivis et ramenés en ville, mais il n’en fut rien et nous pûmes achever notre voyage sans incident.

 

Canons

Les conditions imposées pour la fabrication et la réception étaient rigoureuses……La première fourniture de 200 canons de 90 à la guerre venait d’être effectuée d’une manière satisfaisante lors de mon entrée en fonction, mais dès les suivantes, il fallut mettre plusieurs pièces au rebut surtout à cause de traces de matières étrangères qu’on y remarquait. Ce défaut se généralisa par la suite et cette fabrication fut l’objet de mes constantes et vives préoccupations. On ne tarda pas à se rendre compte qu’il tenait au peu de fluidité du métal qui n’était pas porté, dans le four, à une assez haute température.[268]
Après les premières livraisons, la comptabilité avait fait ressortir que si la capacité du four était augmentée le prix de revient serait bien diminué.
On avait augmenté cette capacité à plusieurs reprises mais sans modifier celle des caves. Le chargement durait plus longtemps et refroidissait le four. Étant donné la disposition des lieux, il était difficile de l’augmenter sérieusement ; on était pris entre la voie d’accès des matières et la plateforme mobile de coulée.
Je proposai plusieurs solutions trop peu satisfaisantes et pas assez radicales, elles ne furent pas acceptées. Cependant, je cherchais des palliatifs. Par ailleurs, l’emploi de charbons plus riches en hydrocarbures aux gazogènes, des modifications dans la conduite de l’opération, l’enlèvement des scories dès leur formation pour rendre plus intime le contact du métal avec la flamme. Je cherchai aussi à rendre cette scorie plus liquide en modifiant sa composition. Tentative inutile, ne faisant qu’empirer le mal. On changea de personnel. Le chef de service Bouvard fut remplacé par le chef de fabrication Coureau. On prit même un contremaître étranger qui se présentait avec beaucoup de recommandations. Il ne fut pas plus heureux. Enfin, je proposai la réfection presque totale de l’atelier. Ce projet fut adopté et exécuté, c’est celui que reproduit le volume sur le Creusot et je crois que l’ingénieur Lencauchez s’en inspira dans le projet qu’il prépara pour Hayange et qui est reproduit dans le bulletin de la Société des ingénieurs civils.
Dans mon projet, j’avais voulu exagérer l’importance des caves mais j’attachais une grande importance à la rapidité du chargement. Ce dernier point fut très réussi comme l’indique la note de Coureau. En Angleterre, on faisait le chargement avec une tenaille mécanique bien compliquée et Coureau fait allusion à son emploi.
Telle était la situation et les travaux étaient bien avancés. On prévoyait la mise en marche quelques mois plus tard quand il se produisit à la fin de 1894 de nouveaux rebuts. Monsieur H. Schneider absent, m’adressa une lettre où il me disait qu’il m’appartenait de porter remède à une situation qui ne pouvait plus continuer. Il connaissait mes espérances sur la mise en marche des nouveaux fours, je me demandais à quoi sa lettre pouvait faire allusion. Eugène Schneider revenait de Paris et j’appris qu’il avait été à la Marine voir le Général de la Rocques, chef de la surveillance des fabrications. Celui-ci insistait sur la nécessité de modifications radicales et ne semblait pas très éloigné de voir mon changement. Cette allusion était tellement vague d’après ce que j’apprenais que je crus comprendre qu’elle venait aussi bien d’Eugène Schneider. J’avais senti, depuis longtemps, que je n’avais ses sympathies. J’avais été froissé de ne pas recevoir le moindre mot de lui lors de la mort de Marie, il faisait alors un voyage en Espagne, mais à son retour il avait gardé le même silence.
J’étais fatigué de mon existence au Creusot où le mariage de mes enfants me laissait solitaire. Je donnai ma démission qui fut acceptée.[269] J’appris que je serais remplacé par Geny, cousin des Schneider, ancien polytechnicien démissionnaire[270] et élève des Mines. Il devait être, non plus ingénieur en chef, mais directeur général.
Monsieur H. Schneider, à son retour, vint me voir au milieu de mes emballages. Il s’informa de mes projets pour l’avenir, je reçus en cette fin d’année la même gratification que les années précédentes.
Geny paraissait être intime avec Eugène Schneider.
J’avais appris par Laferté que Monsieur Schneider avait fait demander pour moi, à la Marine, la croix d’officier de la Légion d’honneur. En apprenant ma démission, Godron, alors inspecteur général du génie Maritime, me confirma la chose en me déclarant que je devais figurer dans la promotion du premier janvier.
En 1876, peu de temps après mon arrivée au Creusot, j’accompagnais l’inspecteur général Marielle et son directeur adjoint venus dans une tournée d’inspection. En passant dans la cour de la forge, sur des planches recouvrant une fosse d’où s’échappait de la vapeur, je mis le pied à côté des planches et je tombai au fond du trou, à cheval sur un tuyau qui le traversait et l’extrémité de la colonne vertébrale sur une bride faisant saillie. Mes compagnons me retirèrent, je souffrais beaucoup, j’eus pourtant assez de force pour courir jusqu’à mon domicile, j’étais trempé et il faisait bien froid.
Je me mis au lit et quelques jours après, je pus reprendre mon service. Je ressentis longtemps une grande sensibilité dans cette partie de mon individu.

Mon successeur Geny trouva la mort dans une chute analogue peu d’années après avoir pris ses nouvelles fonctions de directeur général, mais la fosse était très profonde. Il était allé représenter le Creusot à Saint-Nazaire où avait lieu le lancement d’un grand paquebot[271].

Relevé de dates intéressantes

1875

Mort de J. Eugène Schneider.

1875-1876

Les ouvriers et habitants du Creusot font une souscription privée pour élever une statue à M. Joseph-Eugène Schneider.

1876

Premier concours de la Spezzia.
Substitution de l’acier doux au fer dans la fabrication des blindages.

1876

Application du boulon Schneider, breveté, à la fixation des blindages.

1877

Atelier spécial pour la fabrication des plaques de blindages et des canons de gros calibres comprenant :

  • pilon de 100 tonnes desservi par 4 fours et 4 grues dont 3 de 100 tonnes et une de 150 tonnes,
  • fosse de coulée des lingots à canons et à blindage,
  • fosse à tremper les blindages, desservie par un point roulant de 100 tonnes,
  • atelier d’usinage des blindages.

1877

Fourniture à la marine italienne des blindages du « Duilio » et du « Dandolo ».

1878-1879

Tourelles cuirassées pour la France.

1879

Allumage par M. Ferdinand de Lesseps  du haut-fourneau qui a eu la plus longue durée (17 ans 7 mois).

1879

Inauguration de la statue de M. J. E. Schneider.

1879

Début de la fabrication de l’acier Bessemer basique.

1880

Installation pour tremper verticalement les éléments de canons de gros calibres.

1881

Première fourniture à la Marine française de blindages en métal Schneider (cuirassement du « Terrible ») qui triomphe définitivement de toutes les résistances rencontrées par Monsieur Schneider.

1882

Deuxième concours de Spezzia. La plaque en métal Schneider est la seule qui résiste au tir du canon de 100 tonnes. Les plaques anglaises sont détruites au deuxième coup de canon.

1885

Presse hydraulique de 6000 tonnes pour faire le gabariage des plaques de blindages.

1885

Début de la fabrication des moulages d’acier.

1887

Installation provisoire d’une fonderie d’acier dans la halle du Bessemer.

1888

Construction des ateliers d’artillerie.

1888

Première application de l’acier au nickel à la fabrication des plaques de blindages.

1888

Commencement de la fabrication à la forge des plaques de blindages.

1889

Première fourniture à la Marine française des blindages en acier Schneider au nickel (cuirassement du « Dupuy de Lôme »).

1889

Mise en marche de la première soufflerie Corliss aux hauts-fourneaux du Creusot.

1890

Tir d’essai à Annapolis (États-Unis) d’une plaque Schneider en acier  au nickel.

1890

Presse hydraulique à forger 2000 tonnes.

1892

Construction d’un atelier spécial de fonderie d’acier.

1892

Agrandissement de l’atelier d’usinage des blindages.

1893

Agrandissement de la fosse de coulée des gros lingots avec pont-roulant électrique de 150 tonnes.

1893

Fabrication des blindages cémentés.

1894

Construction du tunnel sous la ville pour relier les aciéries à la forge.

1895

Atelier de cémentation et de trempe des blindages.

1895

Construction des fours à acier de 30 tonnes remplaçant les anciens fours.

1896

Monsieur C.P. Eugène Schneider est associé à son père.

1897

Construction d’ateliers spéciaux pour l’électricité.

1898

Mort de Monsieur H. Schneider.

 

1889-1894 Le Creusot Notes sur le Creusot Références des notes

[267] Ndlr : voir note 219.

[268] Ndlr : « Les déboires dans la fabrication des canons rapportés par Joseph Barba nous sont connus par une note « Historique de la fabrication des canons de moyen et gros calibre d’octobre 1890 à 1924 » ( 01G0147-01). Ils étaient effectivement catastrophiques :

  • de décembre 1890 à août 1891 : 105 coulées, 4 déclassées, 23 bonnes, 18 médiocres, 60 mauvaises.
  • d’août à octobre 1891 : 33 coulées, 1 déclassée, 6 bonnes, 26 mauvaises.
  • de juin 1893 à décembre 1894 : 302 coulées, 19 déclassées, 97 bonnes, 36 médiocres, 150 mauvaises.
  • de décembre 1894 à juin 1896 : 100 coulées, 74 bonnes, 12 médiocres, 14 mauvaises
  • de juin 1896 à juillet 1899 : 254 coulées, 8 déclassées, 175 bonnes, 47 médiocres, 24 mauvaises.
  • de juillet 1899 à 1914 : 1146 coulées, 80 déclassées, 985 bonnes, 46 médiocres, 35 mauvaises.

L’amélioration s’est concrétisée après le départ de Joseph Barba : un des facteurs de cette amélioration paraît avoir été l’augmentation de la température grâce à l’augmentation des récupérateurs (les « caves ») qu’il avait préconisée et lancée. On ne peut qu’être surpris et admiratifs de la persévérance de Schneider pour continuer une fabrication donnant lieu à tant de déboires, persévérance qui lui permit de prendre une place prépondérante après 1900 et pendant la guerre de 1914. ».  Réf. [4].

[269] Ndlr : Joseph Barba démissionne fin 1894. Réf. [9].

[270] Ndlr : Maurice Gény (1858-1906), X1877, démissionnaire en 1879. Réf. [1].

[271] Ndlr : le 9 avril 1906, sur le chantier, il fait une chute de plusieurs mètres et meurt sur le coup. Réf. [9].

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