Prologue
Dans la famille VEILHAN se transmettait la tradition qu’à la première représentation d’ Esther à Saint-Cyr, le rôle d’Esther avait été tenu par une demoiselle de Veilhan, pensionnaire de l’Etablissement des Dames de Saint-Louis.
En réalité, il n’y eut jamais de Demoiselle
de Saint-Cyr qui eut nom Veilhan. On peut considérer comme probant le
fait que « L ‘Etat nominatif des Demoiselles élevées
à Saint-Cyr depuis 1686 jusqu’à 1793 », dressé
par les Dames de Saint-Louis, ne contient pas ce nom.
Le malentendu provient, d’une part, du fait qu’il y a eu à
Saint-Cyr deux Damoiselles du nom de Dupont de Veilhenne dont l’aînée,
âgée de 15 ans, tint effectivement le rôle d’Esther
lors de la première représentation, d’autre part qu’il
y avait à ce moment à Saint-Cyr une Dame de St-Louis du nom de
Veilhant. Il s’agissait de Jacquette de Veilhan qui est bien de la famille
dans la branche des Pénacors. Quant aux Demoiselles Dupont de Veilhenne,
rien à ma connaissance ne les apparente à la famille Veilhan.
Une autre tradition voulait que la créatrice du rôle d’Esther,
fut tombée amoureuse de Racine, qu’elle tomba effectivement dans
ses bras, à la grande confusion du grand homme qui épongeait les
larmes de la jeune fille avec son grand mouchoir. Les « Mémoires
des Dames de St-LOUIS » présentent les choses de façon un
peu différente. Ce ne fut pas Mademoiselle de Veilhenne mais Mademoiselle
de La Maisonfort (tenante du rôle d’Elise) qui tomba dans les bras
de Racine parce que celui-ci l’avait grondée.
En voulant mettre au point ces questions de la petite Histoire, nous avons été conduits à nous pencher davantage sur la vie de cette Jacquette de Veilhan devenue la Sœur de Veilhan, Dame de Saint-Louis, et par suite, sur la maison Royale de Saint-Cyr où elle passa la plus grande partie de son existence. Madame de Maintenon, dirigeait la vie de la Sœur; elle lui parlait, elle lui écrivait. Le Roi Louis XIV, qui, à la fin de sa vie, passa tant d'heures à Saint-Cyr, a certainement conversé avec elle. La Sœur de Veilhan a vécu à Saint-Cyr les heures tragiques du Quiétisme et du Jansénisme, conclues par les lettres de cachet du Roi; et elle a vécu aussi les jours si tristes de la fin du règne du grand Monarque; finissant sa sainte existence en 1735 alors que Louis XV le Bien-Aimé avait 25 ans.
Pol Veilhan