Fondation et construction de la Maison Royale de Saint-Cyr
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En Juin 1686, le Roi Louis XIV signa les lettres patentes concernant la fondation de la maison et communauté de Saint-Louis, et de la maison Royale de Saint-Cyr. Ces lettres contresignées par Colbert furent enregistrées au Parlement de PARIS et à la chambre des Comptes les 18 et 28 Juin 1686. Le Roi répondait ainsi au désir exprimé par Madame de Maintenon qu’il avait épousé deux ans auparavant en 1684
Ces lettres avaient été rédigées
en partant d’une note extrêmement précise, écrite
de la main du Roi, et entrant dans tous les détails de l’organisation
matérielle et financière et de l’orientation morale
et spirituelle de l’Etablissement. Celui-ci devait comporter 36 Dames, 250 Damoiselles et 24 converses. Les Damoiselles devaient faire preuve de noblesse par titres en bonne forme de quatre degrés du côté paternel. Par priorité seraient choisies celles dont les pères étaient des « Gentilshommes qui auront porté les armes » et qui étaient pauvres. Elles seraient admises entre 7 et 12 ans et ne pourraient demeurer au-delà de vingt ans accomplis. Mansard, architecte du Roi, construisit la Maison, sur un terrain acquis à Saint-Cyr en 1685 et 1686. Le Roi ordonna que les travaux fussent faits par l’Armée qui y employa deux mille cinq cents hommes. Cette main d’œuvre nombreuse acheva la construction en 15 mois ! |
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Mais le terrain avait été mal
choisi par Mansard, dans un fond marécageux. Par surcroît Mansard
n’employa que des bois verts. Aussi les réparations furent-elles
nombreuses et l'on eut à changer toute la charpente au bout de dix ans.
Madame de Maintenon n'avait pas confiance en Mansard et elle écrivait
en 1710 à son sujet : « on découvre tous les jours, combien
ce grand Homme à tromper le Roi. Il ne m'a jamais trompé »...
Et encore « J'aurais voulu, donner à mes filles une complexion
forte et une santé vigoureuse, et le mauvais choix de Mansard m'est un
obstacle insurmontable. Je ne puis voir la mauvaise mine d'une de ses pauvres
enfants sans maudire cet homme ». En fait la mortalité était
grande ; en moins de 70 ans, de 1686 à 1755, sur deux mille demoiselles
admises à Saint-Cyr, deux cent soixante-quinze étaient mortes.
Le Roi avait prévu que les Dames de St-Louis seraient choisies parmi
les Demoiselles ; mais au début, il ne pouvait naturellement pas être
question de cette procédure. Et Madame de Maintenon choisit douze Demoiselles,
les unes parmi les demoiselles de Noisy , les autres au dehors et les fit préparer
pendant 9 mois de Noviciat à la vie religieuse. Nous savons que Jacquette
de Veilhan ne faisait pas partie de ces douze.
Le Roi, d'autre part, avait nommé Supérieure à vie Madame
de Brinon tandis que Madame de Maintenon était nommée, par commission
de l'Evêque de Chartres, approuvée par le pape, « Supérieure
spirituelle » de la Maison de St-Louis.
Le Roi vint visiter Saint-Cyr le 7 Septembre 1786. Toutes les Demoiselles, tremblantes
de respect, défilèrent devant lui à l'Église, en
lui faisant une profonde révérence. Puis le Roi entra dans les
jardins et Religieuses et Damoiselles entonnèrent l’hymne composé
par Madame de Brinon et Lulli :
Grand Dieu sauvez le Roi Grand Dieu sauvez le Roi Vive le Roi Qu’à jamais glorieux Louis victorieux Voye ces ennemis Toujours soumis Grand Dieu Sauvez le Roi Grand Dieu Vengez Le Roi Vive le Roi |
Cet hymne est, paroles et musique, identique
au God save the King, attribué à Häendel par les Anglais.
Saint-Cyr a toujours prétendu que Häendel, ayant entendu le champ
à Saint-Cyr en 1721 l'avait copié pour le Roi d'Angleterre, tandis
que les Anglais prétendent que c'est la maison de Saint-Cyr qui a emprunté
l'air de Häendel. Nous penchons pour Saint-Cyr, car Häendel n'avait
que ... un an de lors de l'inauguration par le roi Louis XIV.
Madame de Maintenon, par son travail patient, organisait ce que nous pouvons
appeler la « pagaille du début », car les Dames n'avait guère
dépassé vingt ans et ne savaient pratiquement rien. Elle orientait
l'éducation des Damoiselles qui devaient « être élevées
chrétiennement, raisonnablement et noblement ». Elle avait le souci
de leur donner une connaissance approfondie de la langue française et
c’est tant pour cette raison que pour amuser « les grandes, qui
depuis quinze ans jusqu'à vingt ans s'ennuyent un peu de la vie à
Saint-Cyr » qu'elle demanda à Racine de composer une « pièce
uniquement pour Saint-Cyr et (qui) ne serait nullement connue du public ».
D'où la naissance d'Esther.
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