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Mémoires de Joseph BARBA

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1862-1866 - Lorient 1866 Son mariage 1866-1868 - Guérigny

Au bout de 3 ou 4 ans de mon séjour à Lorient, je trouvais la vie de garçon fort ennuyeuse, malgré toutes les distractions que nous pouvions nous procurer et auxquelles, dans les dernières années s'ajoutait le théâtre. Nous y avions loué une loge.
Mesdames du Filhol et Quinchez cherchèrent dans leurs connaissances une jeune fille pouvant me convenir. Après plusieurs tentatives, parmi lesquels je signalerai celle de la sœur de Madame Edgar du Filhol qui ne pouvait pas me convenir, Madame Quinchez eut l'idée de s'adresser à la baronne Victor Petiet[63], sous-préfet de Sedan. Monsieur Petiet avait été, quelques années auparavant, sous-préfet de Lorient, de là il fut nommé à Boulogne, puis à Sedan où il eut la malheureuse chance de voir le désastre de 1871.
Madame Petiet s'adressa à sa tante, je crois, Madame Jeanne de La Roche, qui habitait Paris. Celle-ci songea à Mademoiselle Marie Bonnafont, fille d'un médecin militaire, devenu officier supérieur qui s'occupait avec succès des maladies de l'oreille qui lui procuraient une clientèle civile importante.

Madame Bonnafont était une demoiselle Petiet, cousine de la sous-préfète de Sedan[64].
Les renseignements envoyés par Mme de La Roche étaient extrêmement satisfaisant sous tous les rapports et j'ai constaté, plus tard, la parfaite exactitude de ces renseignements.
Après un échange de plusieurs lettres, les photographies furent échangées et le résultat parut assez satisfaisant pour donner suite aux pourparlers.
Je demandais une permission de quelques jours pour aller à Paris. Et à la fin de 1865, je pus apercevoir Mademoiselle Marie sur le boulevard. Le premier aspect m’engagea à me  présenter immédiatement chez le docteur qui, après quelques paroles échangées me conduisit auprès de sa femme et de sa fille. On m'accueillit avec bienveillance en comprenant tout ce que ma position avait de gênant et on me facilita mon séjour à Paris en tâchant de m’épargner des dépenses un peu fortes pour ma petite bourse.
Mademoiselle Marie était très bonne musicienne, très aimé dans sa famille parmi toutes les personnes qu'elle approchait. Elle avait été plusieurs fois en soirée chez Madame de La Roche et s'était liée avec la fille de celle-ci, Mathilde, qui épousa plus tard l'amiral Bourgois et en eut une fille, Caroline, qui après avoir épousé l'officier du génie qui devint le général Ville mourut bien jeune.
Le 11 janvier 1866, j'allai à Antony rejoindre Madame Bonnafont et sa fille à la petite maison de campagne qu’elles y possédaient et à la fin de la journée, Mademoiselle Marie se décida à m'accepter ce qui me rendait très heureux.

Maison d'Antony

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maison d'Antony

Je partis immédiatement pour Hayange informer ma famille de tout ce qui venait de se passer et prier mon père de venir faire la demande officielle.
Je m'arrêtai à Sedan pour faire une visite de remerciements à la Baronne Petiet qui avait joué un rôle si heureux dans les négociations de mon mariage. On me reçut fort aimablement. On m'offrit un lunch délicat et je pus apercevoir, revenant de leur cours, 3 petites filles que nous connûmes plus tard, grandes jeunes filles, Mesdemoiselles Athénaïs, Marie et Fanny Petiet.[65]
J'arrivai le soir dans ma famille et je pus mettre mon père et ma mère au courant détaillé de tout ce qui s'était passé. Ma grand-mère était morte deux ans auparavant.
Mon père m'approuva en apprenant bien des détails sur l’existence familiale de Monsieur et Madame Bonnafont et les parents qui constituaient la nombreuse famille qu'ils possédaient à Paris. Il fut décidé que nous repartirions dans un bref délai.

Nous partîmes le 16 janvier pour nous arrêter à Charleville où mon père avait de ses vieux camarades du lycée de Metz. Monsieur Charlier, banquier, qui venait d'épouser une jeune femme très jolie, malgré la grande différence d'âge qui existait entre eux. Les deux anciens camarades furent heureux de se retrouver. Monsieur Charlier s'intéressa beaucoup à mon mariage et mon père lui proposa d'être un de mes témoins, l'autre devant être mon oncle Charles.
Le lendemain 17, mon père put faire la demande convenue. Il fut accueilli avec la plus grande bienveillance et il sympathisa tout de suite avec mes futurs beaux-parents. On l'invita à dîner pour le lendemain et il remporta de son petit séjour à Paris la confiance que ses premiers instants lui inspiraient pour l'avenir.
J'étais descendu au Grand Hôtel, mais voyant mon séjour se prolonger, je trouvais plus raisonnable de m'installer dans un hôtel plus modeste, plus en rapport avec la médiocrité de ma bourse. Je descendis à l'hôtel du Var, dans la rue de la chaussée d'Antin.
Mes futurs beaux-parents habitaient la rue Mogador, nº 7 presque au coin de cette rue avec le boulevard Haussmann qu'on construisait alors, les maisons voisines ne tardèrent pas à être démolies et leur maison se trouva prendre le n° 3.
Je donnai à ma fiancée une petite bague fort simple ornée d'une perle avec 2 petits brillants.
À partir de ce moment, je pris tous mes repas dans la famille Bonnafont et l'intimité la plus affectueuse ne tarda pas à s'établir entre nous tous. Je trouvais ma petite fiancée de plus en plus charmante. Elle avait le plus heureux caractère, était très gai et devint promptement très affectueuse

Jean-Pierre Bonnafont
Anne-Louise Petiet

Docteur Jean-Pierre Bonnafont

Anne-Louise Petiet épouse Bonnafont

Nous dûmes immédiatement nous préoccuper de notre mobilier. Nous ne pouvions pas acheter des meubles très élégants et nous jugeâmes prudent de chercher des meubles d'occasion. Après avoir parcouru bien des magasins, notre choix s'arrêta sur quelques objets qu'on devait remettre à neuf et leur expédition ne devait être faite que quand j'aurais trouvé un appartement convenable.

Ma future belle-mère et ma fiancée se chargeait d'établir une liste de tous les menus objets qui devaient être nécessaires. Madame Bonnafont nous fit monter elle-même plusieurs tapisseries pour des chaises que je possède encore. Elle ne cessait de me témoigner l'affection la plus touchante et je la considérais bientôt comme une seconde mère. Cette affection ne s'est jamais démentie et j'ai été heureux d’avoir avec elle les rapports les plus continus. Elle m'avait adopté tout à fait comme un second fils.

a fiancée avait un frère, Albert âgé alors de 16 ans, il préparait son baccalauréat et devait se présenter ensuite à l'École centrale. Elle avait aussi deux sœurs plus jeunes : Marguerite avait 12 ans et Thérèse 10 ans. Mais la première était d'une timidité tout à fait maladive et sa sœur qui eût été naturellement beaucoup plus expansive était paralysée par le caractère de son aînée. Il fallut plusieurs années pour leur permettre de vaincre cette timidité vis-à-vis de moi mais nous n'avons cessé d'avoir ensuite des rapports très affectueux.

Quant à mon futur beau-frère, il fut bien vite à l'aise avec moi.

M. Bonnafont me fit faire immédiatement quelques visites aux membres les plus proches de sa famille. Je vis son beau-frère, le général Léon Petiet[66] qui commandait l'atelier d'artillerie à Saint Thomas d'Aquin, puis, Jules Petiet[67], ingénieur en chef du matériel et de l'exploitation au chemin de fer du Nord. Je vis aussi M. François Bonnafont, demi-frère du docteur.

 

Marie Bonnafont

 

 

 

 

 

 

 

 

Marie Bonnafont épouse Barba

Je ne pouvais prolonger trop longtemps mon absence de Lorient et je repartis enchanté du résultat de mon voyage.
La recherche un appartement à Lorient fut laborieux. Je finis par en retenir un dans la rue du Morbihan, mais je n’étais pas très satisfait.
Je mis mes amis du Filhol et Quinchez au courant de ce qui s'était passé et je pus les remercier de tout cœur du rôle bienfaisant qu'ils avaient joué.
Monsieur Quinchez demeurait rue de la comédie.
Mes camarades ne furent pas très surpris de la nouvelle de mon mariage.
Chaudoye, de son côté, m'apprit que son mariage venait aussi de se décider. Il épousa Mademoiselle Rivière, fille d'un avocat de Paris.

J'ai oublié de dire que la date de mon mariage avait été fixée au 9 avril, anniversaire du mariage de mes futurs beaux-parents. Mais au commencement du mois de mars, une tuile vint s'abattre sur ma tête. Je devais quitter le port de Lorient pour être attaché aux usines de Guérigny qui faisaient partie de ce qu'on appelait l'établissement de la Chaussade, acheté par la Marine au siècle précédent à ce que je crois.
Ces établissements comportaient, la forge de Cosne où l'on fabriquait les ancres, puis plusieurs forges et atelier s'échelonnant le long de la Nièvre comprenant, une petite forge à Greux, une autre un peu plus importante à Demeurs, puis les ateliers les plus importants étaient à Villemenant.

Carte Guérigny

Je reviendrai plus tard sur le détail de ces ateliers. J'appris que mon camarade Godron avait d'abord été désigné pour le poste qu'on m'attribuait, mais il avait trouvé moyen de se tirer d'affaire en se faisant déclarer indispensable à Lorient et la tuile était retombée sur moi qui étais le plus jeune ingénieur de mon grade.
Profondément ennuyé, je partis pour Paris voir au Ministère de la Marine comment je pourrais sortir d'embarras. Malgré mes démarches auprès de notre grand maître Dupuy de Lôme et de tous les grands chefs, je ne pus rien obtenir.

D'un autre côté, je fus surpris de la façon dont ma fiancée et la famille Bonnafont accueillirent cette nouvelle que je trouvais si désastreuse. Ils virent tout de suite l'avantage d'avoir leur fille plus rapprochée de Paris, puis ils m'engagèrent à me rendre tout de suite à Guérigny pour examiner la possibilité d'une installation présentable.
Les seuls ateliers de Villemenant faisaient partie de Guérigny qui était un village habité seulement par quelques fonctionnaires de la Marine et les ouvriers. En arrivant à Guérigny, je fus reçu aimablement par un camarade qui était précisément chargé des ateliers de Villemenant. Masson[68], c'était son nom, me fit descendre chez lui où je fus accueilli par sa mère. Leur réception fut très aimable mais je ne tardai pas à être un peu effrayé de leur caractère. Masson me parut vouloir affirmer sur moi une certaine autorité morale si je puis m'exprimer ainsi et sa mère était une femme très commune, curieuse et indiscrète. Je compris qu'il voulait s'imposer à mon jeune ménage et je fus tout de suite très refroidi, mais ne pouvant descendre dans aucun endroit présentable, je me décidais à rester chez eux.
Le directeur de Guérigny était un directeur des constructions navales, Marielle, homme fort aimable, très sympathique et avec lequel, j'ai eu toujours les meilleurs rapports. Il avait épousé Mademoiselle Trehouart, fille du grand amiral[69] de ce nom qui commandait la flotte française à la bataille d’Obligado[70].
Le directeur des constructions navales jouait à Guérigny le rôle du Préfet maritime dans les ports et commandait à tous les services. Il y avait un sous-directeur, ingénieur en chef de la marine. C'était de Champs de Salorges. Il avait une femme ayant fort peu l'usage du monde et paraissant n'être jamais sorti de la campagne. Il y avait deux fils faisant actuellement leurs études que j'ai bien rarement vus.
Le ménage Marielle avait plusieurs enfants : trois fils, Lucien, qui devint officier et fut malheureusement tué en duel ; René, officier de marine sous le nom de Marielle-Trehouart, ayant obtenu l'autorisation d'adjoindre le nom de son grand-père à celui de son père, puis Ferdinand qui entra aussi dans l'armée, que j'ai revu bien des années ensuite, comme commandant, à l'enterrement de son père. Enfin une petite fille venait de naître peu de temps avant mon arrivée.
Le sous-directeur jouait à Guérigny le rôle du directeur des constructions navales sous les ordres du préfet maritime.
Il y avait comme autres services, celui des agents administratifs, remplaçant les commissaires des ports, puis un médecin principal et un médecin en sous-ordre, enfin, un inspecteur de la marine, qui était alors Lecardinal, marié et ayant plusieurs enfants très jeunes.
Les fils de M. Marielle avaient de 8 à 12 ans et firent plus tard, de nombreuses parties avec mes belles-sœurs.

On me montra l'habitation qui m'était réservée. Elle me plut médiocrement car elle avait été formée par la réunion de deux logements de contremaître. J'arrivais à Guérigny en surnombre par suite de la situation particulière d'un ingénieur de la Marine qui ne pouvait faire aucun service et qu'on n'avait pas voulu mettre en non-activité et privé de sa position. C'était Cave. Ce malheureux qui était auparavant très intelligent avait, dans une excursion, fait une chute malheureuse et avait perdu en partie l'usage de sa raison. Il occupait la maison assez confortable de Demeurs que j'eusse trouvée fort agréable si j'avais pu l'y remplacer.
Il était chargé auparavant, des forges de Greux, de Demeurs et d'une partie du groupe de Guérigny où était concentrée la fabrication des câbles chaînes. Depuis son accident, cette dernière fabrication était surveillée par Masson, comme les ateliers de Villemenant.
De Champs me mit en possession de mon futur service qui comprenait, outre ces ateliers, l'agrément de faire partie de diverses commissions et d'être chargé des prises d'essais des lots de fonte. On commandait, en effet, dans des hauts-fourneaux au bois de la région du Berry, des fontes d'une certaine nature et quand un lot d’une certaine importance avait été préparé, on faisait une prise d'essai, c'est-à-dire qu'on choisissait quelques morceaux de fonte pour en expérimenter au feu d'affinerie la transformation en fer et juger par la qualité du fer de la qualité de la fonte. Ce service comportait donc d'assez fréquents voyages mais fort peu intéressants.

Après avoir ainsi pris connaissance de mon installation future, je demandai un congé de deux mois pour aller me marier. J'avais relevé le plan de mon appartement et à mon retour à Paris je pus examiner avec ma fiancée la disposition de notre mobilier et la façon dont il pourrait s'y caser.
Nous convînmes de ne faire expédier ce mobilier qu'à la fin de mon congé. Je pourrais alors, en quelques jours le faire déballer et installer sommairement avant que ma jeune femme puisse arriver.
Je continuai à prendre tous les repas chez mes futurs beaux-parents et à passer toute la journée auprès de ma fiancée.
Notre mariage eut lieu à la mairie du 9e arrondissement, le samedi 7 avril. Nous allâmes le lendemain à Antony et le 9 avril nous fûmes unis à l'église Saint-Louis d'Antin. La bénédiction nuptiale nous fut donnée par l'abbé Sisson, curé d'Antony.

Faure[71], l'illustre chanteur, chanta à notre mariage. Il était un client de mon beau-père et il était très reconnaissant des bons soins qu'il en avait reçus, aussi avait-il avec lui des relations fréquentes. Il avait épousé Mademoiselle Lefebvre[72], actrice très appréciable de l'Opéra-comique. Le ménage était très uni et mes beaux-parents le recevaient assez souvent. C'est par eux que mon beau-père obtint le poste privilégié de médecin de l'Opéra qui lui donnait ses entrées en permanence. C'est aussi grâce à lui que nous obtînmes plus tard bien des billets de faveur.

J'ai oublié de dire que mon beau-père était médecin principal des armées, c'est-à-dire, ayant un grade correspondant à celui d'officier supérieur. Il était médecin de l'école d'état-major ce qui lui avait valu des relations souvent précieuses.

Mlle Lefebvre Jean-Baptiste Faure

Mlle Lefebvre, rôle de Zerline dans "Fra Diavolo" d'Auber

Jean-Baptiste Faure par Édouard Manet (hiver 1882-1883) (Réf [25])

Après notre mariage, il y eut chez mes beaux-parents un grand diner de famille. On avait dû établir une grande table traversant la porte de communication du salon à la chambre à coucher de ma belle-mère, porte à 4 battants.
Le soir, je partis avec ma jeune femme pour Antony où une petite bonne, de la connaissance de ma belle-mère nous avait précédés. Ma belle-mère vint nous voir le lendemain et nous ne tardâmes pas à partir en voyage pour la Belgique et la Hollande. C'était à peu près le seul voyage que l'on pouvait faire à cette époque.
Nous avons visité successivement Bruxelles, Gand, Bruges, Ostende, Liège, Anvers, Rotterdam, La Haye, Amsterdam, Utrecht, Arnheim, et après ce voyage d'une quinzaine de jours nous sommes revenues à Hayange où notre séjour ne fut que d'une dizaine de jours bien employés car il nous fallait visiter tous les membres de la famille.
Nous eûmes à subir de nombreux diners qui furent assez pénibles pour ma jeune femme qui commençait à avoir des maux de cœur, et pour cause.
Nous eûmes ainsi de grands diners, d'abord, chez mon père, puis chez les de Wendel, à Rettel, à Stiting. On croyait souvent nous témoigner beaucoup d'affection en insistant pour nous faire reprendre des plats délicats qu'on avait préparés pour nous.
Marie fut obligée de quitter la table à Stiring.
Mon oncle Marc eut, de son côté, un incident qui est resté dans ma mémoire. Il était en train de découper des pigeons dans un plat où était une sauce assez abondante. Il fit sauter un de ces pigeons sur ses genoux et comme sa serviette n'était pas suffisamment étalée il couvrit son gilet blanc de cette sauce malencontreuse.
Nous allâmes aussi à Thionville et à Metz, chez ma tante Baudot. Puis de retour à Paris, j'eus encore à continuer quelques visites avec mon beau-père. Je citerai par exemple, celle que je fis à deux anciens Ministres, Buffet[73], que mon beau-père avait connu comme Inspecteur des finances et Darue[74], qui était un peu parent de la famille Petiet.

Nous reprîmes l'expédition de notre mobilier, cherchant à le compléter. Le problème du couchage nous préoccupa car ma belle-mère voulait pouvoir s'installer chez nous avec tous ses enfants quand l'occasion se présenterait. Nous dûmes ainsi acheter, indépendamment de notre lit, un lit de fer à 2 places et plusieurs lits cage avec leurs literies.
Nous avions acheté, comme salle à manger un mobilier très simple, en noyer, avec bordure noire. Notre chambre à coucher comprenait simplement, le lit, une commode, table de nuit, table etc.... et notre salon pauvrement meublé d'un canapé et de deux fauteuils en velours bleu avec une petite armoire, des tables pliantes, le piano à queue que mes beaux-parents laissaient à leur fille devait heureusement en diminuer notablement le vide.
L'ingénieur en chef de Champs était peu sympathique, pas du monde homme du monde ni bon camarade. Je ne le trouvai pas du tout aimable. Ainsi j'avais demandé à avoir des persiennes à notre cabinet de toilette qui était exposé aux regards des bureaux administratifs en face. Les employés pouvaient donc apercevoir, le soir, les ombres projetées, ce qui était bien désobligeant pour ma jeune femme. Il me refusa absolument disant qu'il ne comprenait pas ces précautions.
Je ne saurais me prononcer sur la façon dont il dirigeait avec Masson les ateliers de Villemenant, mais je serais étonné qu'il y eut des progrès sérieux car on ne s'inquiétait pas du tout du prix de revient. Ils auraient peut-être pu avoir la même opinion de mon service plus tard car je ne m’en occupais pas avec beaucoup d'ardeur.

J'avais préparé mon départ définitif de Lorient en expédiant par petite vitesse tous mes vêtements et divers objets m'appartenant. Je quittais un appartement fort agréable, dans la rue des Fontaines, la plus commerçante de la ville réunissant la place Napoléon à la place Bisson ou de la Bove. Cet appartement avait été loué non meublé et j’avais traité avec un marchand du voisinage pour y installer des meubles convenables. C'est ainsi que j'avais arrêté du mobilier de salon couvert d'une étoffe jaune éclatante qui provenait de la sous-préfecture. Cet appartement était composé de deux pièces, un salon ou bureau donnant sur la rue des Fontaines avec deux portes-fenêtres et une chambre à coucher avec une alcôve s'ouvrant à volonté du côté de la chambre ou du côté du bureau par des portes se repliant. Cette disposition était bien agréable et je la signale volontiers. Au pied et à la tête de l'alcôve se trouvaient, d'une part, le corridor aboutissant au bureau et, de l'autre, un cabinet de toilette. La porte d'entrée sur la rue avait un grillage un peu artistique au milieu duquel se trouvait un ange ayant l'index sur les lèvres comme pour recommander le silence. Plus tard, en passant dans la rue avec ma femme, je lui montrai l'entrée de cet appartement. La porte fit son bonheur en lui permettant de me taquiner quelque peu.
Le rez-de-chaussée était occupé par les propriétaires, les demoiselles Pirion qui avaient un magasin de mercerie-lingerie.
D'un autre côté, j'avais dû liquider mon bail de la rue du Morbihan en payant un dédit convenable mais pas exagéré.
J'avais, à ce moment, donné ma chienne à un de mes camarades, capitaine d'artillerie de Marine devenu plus tard le général Bourdiaux. Il avait l'amour de la chasse plus développé que moi et m'avais emprunté ma chienne à plusieurs reprises. Elle le suivait plus volontiers que moi, je finis par la lui abandonner tout à fait.
J'ai oublié de signaler que ma fiancée avait reçu de nombreux cadeaux des membres de sa famille, des bijoux ou de l'argenterie. Ma belle-mère avait ajouté une douzaine de couverts d'argent de sorte que de ce côté nous avions à peu près le nécessaire.

Quand nos préparatifs furent terminés, l'expédition fut faite à Guérigny et la permission étant terminée, je regagnais cette localité.

1862-1866 - Lorient 1866 Son mariage 1866-1868 - Guérigny

[63] Ndlr : Alice Paulinier épouse du baron Victor Petiet (1823-1899) est le fils d’Augustin Petiet, lui-même frère d’Alexandre Petiet qui est le père d’Anne-Louise Petiet (épouse Jean-Pierre Bonnafont), future belle-mère de Joseph Barba. Réf. [23].

[64] Ndlr : Mme Victor Petiet (née Alice Paulinier (1832-1902)) est la cousine germaine de Mme Bonnafont (née Anne-Louise Petiet). Réf. [23].

[65] Ndlr : Athénaïs (1854-1941), Marie (1858-1934) et Fanny (1858-1943), filles de Victor Petiet et Alice Paulinier. Joseph ne cite la 4e fille Eugénie (1857-1895). Voir note 155 p. 70. Réf. [23].

[66] Ndlr : le général de brigade Napoléon Félix Petiet (1809-1874). Réf. [23].

[67] Ndlr : Jules Alexandre Petiet (1813-1871). Frère de Léon et de Marie-Louise (épouse Bonnafont). Réf. [23].

[68] Ndlr : peut-être Masson, Guillaume Cyr (X 1834 ; 1815-??). Réf. [1].

[69] Ndlr : François Thomas Tréhouart (1798-1873). Réf. [2].

[70] Ndlr : victoire anglo-française sur l'Argentine le 21 novembre 1845 sur le fleuve Parana, Argentine. L’actuelle station de métro parisienne Argentine se nommait Obligado jusqu’au 25 mai 1948. Réf. [2].

[71] Ndlr : Jean-Baptiste Faure (1830-1914), baryton jusqu’en 1876, acheta 68 œuvres de Manet. Réf. [24].

[72] Ndlr : Constance Caroline Lefebvre (1828-1905). Réf. [26].

[73] Ndlr : Louis Buffet (1818-1898) fut ministre l'Agriculture et du Commerce de Bonaparte en 1848-1849. Il redeviendra ministre des Finances en 1871 et ministre de l’Intérieur en 1875-76. Réf. [2].

[74] Ndlr : sans doute Napoléon Daru (X 1825, 1807-1890), Fils de Pierre Daru, filleul de Napoléon et de Joséphine, il fait ses études au lycée Louis-le-Grand, puis à l'École polytechnique et à l'École militaire d'application de Metz. Devenu sous-lieutenant d'artillerie en 1830, il participe à la campagne d'Algérie. Il est pair de France en 1833, membre de l'Assemblée nationale en 1848 et 1849, membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1860, député de la Manche en 1869 et 1871, ministre des Affaires étrangères dans le cabinet Émile Ollivier en 1870. Réf. [1], [2].

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