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Mémoires de Joseph BARBA

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1876-1886 - Le Creusot 1886-1889 Cannes – Guérison de Gabrielle 1889-1894 Le Creusot

Cependant, la santé de Gabrielle, malgré son séjour au bord de la mer, continuait de nous préoccuper ; elle avait une insuffisance de la formation osseuse de la colonne vertébrale et une vertèbre menaçait de s'affaisser. On s'en était aperçu en la voyant se tenir toujours mal. On nous engagea d'abord à lui faire un corset spécial mais nous nous décidâmes bientôt à aller consulter à Lyon, le célèbre docteur Ollier auquel mon beau-père[212] nous recommanda. Il trouva la situation assez grave et nous recommanda de faire étendre désormais Gabrielle sur une planche le dos bien à plat et d'éviter tout mouvement du buste et cela pendant tout le temps de la croissance. Elle aurait peut-être un peu de mal à reprendre ensuite l'usage de ses jambes mais c'était nécessaire pour arriver à la guérison complète. Il serait nécessaire de passer tous les hivers dans le midi.
À Marie qui le consultait aussi pour sa maladie de cœur, il conseilla de faire de fréquentes saisons d’eaux à Bagnols[213.
Désormais, Marie et Gabrielle allèrent passer tous les hivers à Cannes, souvent avec ma belle-mère et toujours avec un de mes autres enfants. Ce fut d'abord René qui alla rejoindre sa mère, puis Jeanne et Marcel les accompagnèrent pour revenir à Bagnols avec elles.
En 1889, Marie fut accompagnée par sa mère. Marie se trouvait bien de cette saison d'eaux qui ne pouvait guérir sa maladie mais qui facilitait la circulation.

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Cannes

Pendant les séjours à Cannes, il avait été recommandé à Gabrielle de faire de longues stations en mer. Nous avions loué une barque où on l'étendait et où elle passait des après-midi entières, lisant ou travaillant. Cette barque était conduite par le marin Ollivier, véritable marin d'eau douce qui prenait un parapluie dès qu’il tombait quelques gouttes et refusait de sortir quand la mer était un tant soit peu agitée.
Notre bonne Mariette accompagnait généralement Gabrielle car ces promenades ne réussissaient pas à sa mère.
Le docteur de Valcourt soignait Gabrielle mais les deux dernières années, Mesdemoiselles de Cosoreil lui firent beaucoup plus de bien par des massages et une méthode toute spéciale qu'elles prétendaient avoir rapporté d'Égypte.
A plusieurs reprises, ma fille fut montrée en allant ou revenant du Midi à l'excellent chirurgien Ollier qui nous donna de bons conseils.
Nous avons fait à Cannes d'excellentes relations d'abord en y retrouvant la famille Vavin-Forgues, alliée au Petiet par les Paulinier. Mademoiselle Forgues (tante Mig) originale et charmante prodiguait des soins dévoués à sa pauvre sœur, Madame Vavin, mourante de la poitrine comme plus tard son fils Alexis. Hélène Vavin de l'âge de Gabrielle, se lia beaucoup avec elle et lui tenait souvent compagnie dans ses promenades en mer.
Nous voyions souvent aussi madame Havet, intelligente et spirituelle, excellente amie qui vient seulement de mourir à un âge avancé, puis le ménage Daveau, bien sympathique aussi, Monsieur Daveau avait un charmant talent de paysagiste et je possède encore un petit tableau peint par lui.
Un autre peintre, tout jeune alors, Monsieur Schuller, donna à mes filles des leçons d'aquarelle. Il faisait des fleurs d'une fraicheur délicieuse avec une extraordinaire rapidité.
C'est encore à Cannes que nous avions retrouvé notre bonne cousine Sophie de Villeneuve Bargomont née de Colbert, qui y faisait des séjours en descendant de sa propriété de Tourettes à Fayence[214] où elle reçut Marcel pendant ses vacances du jour de l'an 1890. Elle fut par la suite ruinée par son gendre et réduite par des rhumatismes à une impotence presque complète et s'est retirée dans un couvent à Nice.
Gabrielle faisait de fréquents croquis sur la Croisette et fit même défiler devant quelques amis réunis des ombres chinoises dessinées par elle et représentant une série des promeneurs « types » rencontrés le plus souvent.
Marie connut à Notre Dame De Bon Voyage, le bon abbé Camatte qui eut sur elle en notre bonne Mariette une grande influence au point de vue spirituel. Il l'aida à supporter ses inquiétudes maternelles et les souffrances de sa maladie de cœur qui déjà alors lui causaient de fréquents malaises et de grandes angoisses.
La fidèle Mariette, sujette elle-même à bien des misères de santé, soignait Gabrielle avec un inlassable dévouement et avait, pour la famille, une bien rare affection.
Marcel entra à Stanislas de Cannes en octobre 1888 et y fit sa première communion. Il y finit son année d'études et y commença l'autre en prenant pension chez les bonnes dames de Malartc mère et fille tout à fait maternelles pour lui.

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Carte du Creusot

Après les hivers dans le Midi, le séjour dans les fumées du Creusot n'était guère favorable à nos malades. Marie tenait à se rapprocher de moi qu'elle était forcée d'abandonner pendant la moitié de l'année. Nous cherchâmes une petite maison de campagne dans le voisinage du Creusot. En 1888, nous louions une petite maison à Martigny ; à 3 kms environ de la station de Marmagne mais cela n'était guère pratique. Il me fallait faire réparer le chemin qui y conduisait de façon à le rendre praticable. La maison exigeait aussi bien des réparations car elle était le plus souvent inhabitée. On était loin de tout secours immédiat et les approvisionnements n’étaient pas faciles. Bien souvent en revenant le soir je rapportai ce dont on avait besoin. À la fin de ce séjour, l'état de Gabrielle était devenu plus grave et il devenait urgent de repartir pour Cannes. Je fus soulagé quand j'appris que le voyage s'était bien passé, grâce à l'obligeance de Monsieur Noblemaire, alors directeur du P.L.M., j'obtenais que la voiture où était Gabrielle fut placée à Chagny[215] dans le train de Cannes de façon à éviter le transport difficile d'un train à un autre avec stationnement sur les quais.
L'état général de Gabrielle s'améliora rapidement et quand je vins à Cannes la chercher, je la trouvai dans un état bien plus satisfaisant.
J'essayai maintenant de lui faire reprendre l'usage de ses jambes. Il fallait revenir à la station verticale. J'avais fait faire une table présentant deux articulations pour le buste et pour les jambes. On pouvait faire fléchir progressivement ces deux parties mais Gabrielle ne pouvait pas supporter une flexion un peu prononcée. Il fallut se remettre en route en emportant la voiture dont on se servait toujours. Je laissai Marie avec Jeanne devant se diriger sur Bagnols et avec la fidèle Mariette, nous partîmes pour Paray-le-Monial[216]. Gabrielle avait la plus complète confiance dans l'intercession de la bienheureuse Marguerite Marie[217] et la conviction qu'elle serait guérie dans ce sanctuaire.

Le 4 juin, après une nuit bien reposante, Mariette roula Gabrielle dans sa voiture à l'entrée du chœur, devant la grille de Communion. Madame Morlevat était venue nous rejoindre. Qu'on juge de mon émotion, au moment de l'élévation, je vis ma fille se lever toute droite, descendre de sa voiture pour s'agenouiller devant la grille puis, se levant, franchir à mon bras la porte de cette grille et se tenir debout, la main appuyée sur la chasse, demeurer ainsi quelques instants pour revenir s'agenouiller de nouveau.

Elle se releva et reprit mon bras pour sortir de l'église. Elle était guérie par un effort vraiment miraculeux de sa volonté et nous pouvions adresser au Bon Dieu des actions de grâce bien ferventes pour lui donner cette merveilleuse énergie. Nous abandonnâmes la voiture dans la chapelle puis, descendant les marches, nous rentrâmes à l'hôtel pour déjeuner et prendre le chemin de fer nous ramenant à Broye[218].

  Basilique de Paray-Le-Monial

Basilique de Paray-Le-Monial

Nous avions cherché, l'été précédent, avec Marie, une campagne plus confortable que Martigny et on nous avait signalé une habitation assez logeable après quelques réparations. Il fallait reprendre la couverture dont bien des tuiles devaient être remplacées ; mettre une porte à l'entrée de la cour, faire quelques modifications intérieures, refaire les peintures, poser des papiers etc… Il ne fallait pas trop regarder à la dépense dans les conditions où nous nous trouvions. Il y avait pourtant bien des inconvénients, les cabinets au fond de la cour, le rez-de-chaussée très humide avec un ruisseau véritable coulant dans la cave. En revanche, on avait un puits presque sans eau. Le jardin était suffisant avec une terrasse donnant sur la vallée avec une assez belle vue. La gare et le village étant au fond de cette vallée, il fallait à chaque instant faire une véritable ascension.
J’avais acheté une petite charrette et de braves cultivateurs du voisinage nous louaient un âne. Un jardinier pouvait nous donner quelques journées pour cultiver le jardin.
Avant de partir pour Cannes, j’avais fait transporter du Creusot le mobilier indispensable.
Je crois que ma mère s’y était installée avant nous et avait commencé à s'occuper du jardin.
C'est alors que nous arrivions avec Gabrielle et Mariette après cette journée mouvementée.
Les voyageurs, en nous voyant changer de trains à la gare de Montchanin, étaient bien surpris de voir à mon bras cette grande jeune fille en robe de chambre blanche paraissant se soucier si peu du costume féminin à la mode.
Des dépêches avaient tenu Marie au courant de ce qui s'était passé à Paray et elle attendait avec impatience le moment du retour.

Quand la santé de René l'empêchait de continuer ses études, j'avais essayé de lui faire faire son volontariat et je l'avais recommandé à mon camarade, le colonel, plus tard, le général Brunet, alors attaché militaire en l'Italie que j'avais rencontré aux expériences de la Spezzia[219]. René, sur son avis, avait été se présenter à Chalon ; mais là, on l'avait trouvé impropre au service en raison d'une varice enflammée ou phlébite provenant d'une chute qu’il avait faite de son grand bicycle. Il ne s’en est jamais ressenti depuis.

1876-1886 - Le Creusot 1886-1889 Cannes – Guérison de Gabrielle 1889-1894 Le Creusot

[212] Ndlr : Jean-Pierre Bonnafont (1805-1891) était en effet docteur en médecine. Réf. [47].

[213] Ndlr : voir note 202.

[214] Ndlr : Tourettes et Fayence sont 2 villages contigus entre Grasse et Draguignan à 37 km de Cannes.

[215] Ndlr : à 33 km au nord-est du Creusot et à 19 km au nord de Chalon.

[216] Ndlr : à 62 km au sud-ouest du Creusot

[217] Ndlr : Depuis la fin du 19ème siècle, Paray-le-Monial et son église sont un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de France. L'objet de ces pèlerinages est l'adoration du Sacré-Cœur, due aux visions de Marguerite-Marie Alacoque dans la deuxième moitié du 17ème siècle. Réf. [2].

[218] Ndlr : à 2,5 km de Martigny, lui-même à 3,5 km de Marmagne, lui-même à 11 km du Creusot. Voir carte ci-dessus.

[219] Ndlr : il s’agit sans doute de La Spezia, ville de la province de Ligurie à 110 km de Gènes. Port marchand, importante base navale italienne et avec de nombreux chantiers navals.

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