Suite de l'histoire de Saint-Cyr
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Le 3 Mars 1694, le Roi modifia les constitutions
en portant le nombre des religieuses, Dames ou sœurs converses de 60 à
80 et en décidant que les places de Dames de Saint-Louis seraient dorénavant
réservées toutes aux demoiselles de Saint-Cyr. Il modifia d'autre
part de nombreux articles traitant des modalités financières et
de questions diverses.
Le Règlement intérieur de la Maison nous paraît aujourd'hui
bien sévère. Les Dames devaient passer toute leur vie à
Saint-Cyr n'en sortir jamais, ne jamais communiquer avec l'extérieur,
même par lettre, se servir elles-mêmes, manger dans un réfectoire
commun et coucher dans un dortoir partagé en cellules.
Elles se partageaient les charges de Supérieure (élue pour trois
ans), Maîtresse des Novices, Maîtresse générale des
classes, dépositaire, Maîtresse de classe, Maîtresse de chœur,
économe, Secrétaire, Portière, Sacristie, Maîtresse
Générale des ouvrages, Maîtresse Générale
des Habits, Maîtresse du linge, dépensière, Infirmière
Générale, Maîtresse de l'apothicairerie, Bibliothécaire.
D'Hozier, généalogiste de la Cour, vérifiait les preuves
de noblesse des postulantes aux places d'élèves... et c'était
sa femme qui était chargée, avec le médecin de la Maison,
de l'espèce de visite médicale qu'on faisait subir aux Demoiselles.
Celles-ci restaient à Saint-Cyr jusqu'à 20 ans ; ne sortaient
jamais sauf pour des cas très rares, ne pouvaient être visitées
par leurs parents que pendant les octaves des quatre grandes fêtes de
l'année. Elle se levaient à 6 heures, entendaient la messe à
8, travaillaient jusqu'à midi, dînaient, étaient en récréation
jusqu'à 2 h, travaillaient jusqu'à 6, soupaient et se couchaient
à 9 h. Mais, dans cette vie bien réglée, chaque Maîtresse
disposait à son gré du temps des leçons, des occupations
et même des récréations.
L'Instruction religieuse prenait une grande partie du temps. La musique était
le principal des amusements et Louis XIV donnait quelquefois aux Demoiselles
l'agrément des musiciens de sa chambre, ou des musiques militaires avec
trompettes, timbales, tambours et fifres. « On les faisait entrer, disent les Mémoires des Dames de Saint-Cyr, dans la cour royale
; les trompettes, et les timbaliers étaient à cheval, les tambours
et les joueurs de fifre à pied. Toutes les demoiselles se tenaient aux
fenêtres, depuis le 1° étage jusqu'en haut. Ces musiciens,
avec les officiers qui les commandaient, firent deux ou trois fois le tour de
la cour, gravement, en jouant des airs guerriers ; les trompettes à part
avec les timbaliers, les tambours et les fifres ensemble ».
L’Instruction manuelle était fort étendue à Saint-Cyr
et on employait souvent les Demoiselles à seconder les sœurs converses.
Elles nettoyaient, balayaient, rangeaient, lavaient. On leur apprenait à
coudre, à broder, à tricoter, à faire de la tapisserie,
à faire tout le linge de la maison, de l'infirmerie, de la chapelle,
les robes et les vêtements des Dames et des élèves.
La nourriture était saine et abondante ; mais, excepté dans les
cas prescrits par les médecins, les Dames et les Demoiselles ne buvaient
que de l'eau à l'exemple de Madame de Maintenon.
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