Antoine Bernard Veilhan, Curé de Soursac, est le fils de Joseph Veilhan et Jeanne Lacroix. Il est le grand-oncle d'Achille, ci-contre (son frère Bernard est le grand-père d'Achille).
Ci-dessous, son histoire, par Albert Massonie, parue dans la revue Lemouzi, n° 100, en 1986. (Merci à Nicole D. pour cet envoi).
Sommaire
L’Abbé VEILHAN
Curé de Soursac, prêtre réfractaire
Soursac avait autrefois un prieuré auquel, depuis l’an 1380, était unie la cure. Le dernier des prieurs fut l’Abbé LAPORTE, prédécesseur immédiat de l’Abbé VEILHAN. On l’appelait vulgairement le prieur « le père blanc » car il portait l’habit blanc des religieux de Saint-Jean d’Aureil. L’Abbé VEILHAN, lui, n’appartenait pas à un ordre et il portait le simple habit de prêtre, mais par coutume et par respect pour sa personne, on continuait de l’appeler « Monsieur le prieur ».
L’Abbé BAZETOU fut nommé curé de Soursac en 1862, soit 27 ans après la mort de M. VEILHAN.
C’est dans ses notes que j’ai puisé pour écrire cette biographie; elles ont été largement complétées, voire même rectifiées, par des documents fournis à notre président, M. Robert JOUDOUX(1), par M. Yves VEILHAN(2), d’Angers, apparenté à l’Abbé VEILHAN. Qu’ils en soient, l’un et l’autre, vivement remerciés.
Le milieu familial de l’Abbé VEILHAN
Antoine Bernard VEILHAN naquit à Neuvic le 6 février 1750. Il était fils de Joseph VEILHAN, bourgeois et de Marie Anne LACROIX. C’était le troisième d’une famille de douze enfants, dont huit garçons et quatre filles.
Son frère aîné, Bernard, fut fermier du prieuré de Saint-Angel et administrateur du Département. Lui aussi eut de nombreux enfants dont l’un devint capitaine de gendarmerie à Brive, un autre vétérinaire à Tulle, un troisième géomètre et notable à Chamberet, un quatrième receveur de l’enregistrement, un cinquième curé, les autres vivant de leurs revenus à Neuvic.
Le deuxième frère de notre abbé, né en 1748, décéda en 1771, alors qu’il était encore séminariste.
Le troisième, François, né en 1749, fut maître chirurgien, juge de paix à Lapleau et maire de Soursac. Il eut... 16 enfants ! et mourut en 1796. Nous aurons l’occasion de reparler de ce « mauvais frère ».
Un autre frère, plus jeune, servit dans les bataillons volontaires de la Corrèze ; il fut aide de camp du général VACHOT, puis capitaine dans l’armée impériale et enfin greffier de justice de paix à Neuvic.
Parmi ses sœurs, l’une fut ursuline à Tulle, une autre épousa Léonard LACAZE, docteur en médecine et maire de Neuvic.
Arrêtons là l’énumération de cette fratrie qui nous entraînerait trop loin.
Plusieurs des enfants de ses frères et sœurs furent baptisé ou mariés (ce fut le cas du « mauvais frère » François) par l’Abbé VEILHAN lui-même.
Où chercher l’origine de cette famille VEILHAN, incontestablement bourgeoise ? Se rattachait-elle à la noble famille des VEILHAN de Pénacors, alliée aux COSNAC, aux princes d’EGMONT et dont un des ancêtres périt à la bataille d’Hasting en 1066 ?
L’épouse du frère aîné, Bernard, écrivait en 1814 à son petit-fils Pierre, élève de l’École Polytechnique, « ... la tradition rapporte que nous descendons des VEILHAN de Pénacors(3). Il y a l’identité du nom, l’identité du lieu d’origine, le fait que notre famille a tenu depuis des siècles un rang honorable parmi les bourgeois de Neuvic et s’est constamment alliée avec les familles les plus recommandables du voisinage... ».
La filiation est donc possible, probable même, mais non certaine.
Sur son bulletin de naissance, Antoine Bernard est qualifié, ainsi que son père, de « de VEILHAN », ce qui n’est pas une preuve ni même un signe de qualité noble. Nous ne savons rien de son enfance et nous ne connaissons pas la date exacte de son entrée au séminaire de Limoges; mais par acte notarié du 13 juin 1773 son père Joseph VEILHAN, « s’engage à pourvoir Antoine Bernard, séminariste, d’un titre clérical; du revenu annuel de cent livres lorsqu’il aura reçu l’ordre du sous-diaconat ; ce titre clérical est gagé sur le domaine de Manus à Neuvic; les personnalités présentes attestant que le dit domaine est plus que suffisant pour gager le paiement de la dite somme ».
Antoine Bernard était vicaire à Soursac, probablement depuis 1774, lorsqu’il fut nommé prieur-curé.
Le 20 août 1776, devant Maître BOURDIER, notaire à Tulle, son prédécesseur à la cure, M. LAPORTE, « résigne en sa faveur le prieuré-cure de Soursac et de Sainte Magdelaine de Bon lieu avec toutes ses dépendances moyennant la somme de sept cent livres de pension annuelle et viagère affectée sur les dits bénéfices et payable de six mois en six mois et d’avance pour s’éteindre au décès du dit résignant ». Le 15 septembre 1776, Antoine Bernard est nommé officiellement curé de Soursac par Monseigneur Louis Charles DUPLESSIS d’ARGENTRE.
Le 7 mai 1774, son père Joseph VEILHAN « se rend pleine caution de la somme de 490 livres pour effectuer toutes les réparations nécessaires au presbytère de Soursac ».
Cet acte laisse supposer qu’à cette date Antoine Bernard n’était pas particulièrement riche. Sa situation financière devint meilleure à la mort de son père en 1786 encore qu’il faille tenir compte qu’en 1786, sur les douze frères et sœurs, au moins sept étaient encore vivants. Par ailleurs, la déclaration des revenus de la cure en vue de l’établissement du desservant est estimée à 471 livres, 5 sous, 6 deniers par le directoire du district de Tulle à la date du 3 décembre 1791, ce qui n’est pas un chiffre très élevé. Il fallait donc que notre curé jouisse de rentes confortables pour mener son train de vie. L’Abbé BAZETOU en estime le montant à 12000 francs environ, somme considérable que conteste M. Yves VEILHAN, d’Angers, auquel ce chiffre paraît élevé.
Écoutons M. BAZETOU : « il vivait en grand seigneur, recevant souvent à sa table des personnages distingués, mais également des gens de Soursac, ce qui lui attirait la sympathie de ses paroissiens. Il entretenait une meute de chiens de chasse et aussi nombre d’habiles chasseurs qu’il laissait rarement oisifs. Il ne les oubliait pas, lors de la répartition des heureux fruits de la chasse. Les plus beaux poissons des rivières voisines venaient faire honneur à sa table mais ils n’étaient pas offerts à un ingrat, car il était aussi généreux que riche ». Une ombre au tableau cependant : « le contraste entre le luxe et l’abondance qui régnaient dans sa maison et la pauvreté la plus complète dans son église ».
Cet excellent homme ne paraît avoir été sévère ni pour lui-même, ni pour les autres. « Je n’en veux qu’une preuve, ajoute M. BAZETOU, la voici : après la bénédiction d’un mariage à l’église, tous les gens de la noce se rendaient au presbytère et, tandis que les pères de famille rédigeaient et signaient l’acte de mariage, les jeunes gens et jeunes filles dansaient à qui mieux dans la chambre voisine de celle du bon pasteur. De même, la veille de Noël, on se rendait au presbytère pour la veillée, en attendant l’heure de la messe de minuit. Les hommes d’âge mûr jouaient aux cartes avec le pasteur pendant que les jeunes jouaient et dansaient. Tout, donc, allait très bien. Le pasteur aimait ses brebis, les brebis aimaient leur pasteur et venaient se réfugier sous sa houlette. Ici, les joies terrestres précédaient les joies célestes. Mais avec ce genre de vie, les communions à la messe ne devaient pas être très nombreuses ! N’importe : on est toujours bien vu quand on ne contrarie point les goûts et les plaisirs. »
Qu’on me permette, ici, une remarque : en réaction au comportement un peu libertin de certains prêtres de l’Ancien Régime, le XIXe siècle a parfois fait preuve d’un rigorisme moral et religieux assez outrancier.
Rappelons qu’au XIe siècle encore on dansait, à certaines occasions, non pas au presbytère mais à l’église elle-même, une ronde serpentante, le conductus, en se tenant par la main.
Les mauvais jours de la Révolution arrivèrent vite, trop vite pour le desservant de Soursac. Il refusa le serment et il écrivit à la Municipalité une lettre d’adieu qui fut publiée en 1884 dans la Semaine Religieuse. En voici de larges extraits :
« Messieurs, ce ne sera pas sans étonnement que vous apprendrez que j’ai quitté la paroisse qui était confiée à mes soins, surtout n’étant pas encore déplacé. Ma conduite serait effectivement très répréhensible si je l’avais abandonnée par un motif de crainte, mais vous avez sans doute vu ou su l’arrêté du parlement de la Corrèze qui porte, m’a-t-on assuré, que tous les prêtres non assermentés seraient enfermés dans une maison indiquée, qui est à Beaulieu. Comme je persiste dans les sentiments que vous m’avez toujours connus, bien décidé que je suis, avec le secours de Dieu, de faire le sacrifice de ma vie s’il est nécessaire plutôt que d’agir contre ma conscience, j’ai cru devoir éviter la persécution suscitée contre nous, en passant dans des départements qui paraissent bien éloignés de sévir avec tant de rigueur. Je vous prie de ne pas blâmer ma conduite. En cela, je suis le conseil que notre divin Maître donnait à ses apôtres en disant : « Lorsque vous serez persécutés dans une ville, allez dans une autre » ...d’ailleurs, puisqu’on est décidé à nous enfermer, j’aurais peut-être peu d’heures à rester parmi vous et il faudrait également abandonner ce troupeau qui m’a été et me sera toujours cher... on nous accuse d’être des perturbateurs... Vous êtes témoins que, Dieu merci, je n’ai pas à me reprocher de vous avoir prêché la révolte, j’ai toujours exhorté à la soumission aux lois, aussi ai-je eu la satisfaction de voir régner la tranquillité dans ma paroisse tandis que nous en voyons plusieurs en combustion... Je désire que celui qui me remplacera soit assez heureux pour voir la continuation de ce calme... Je n’ai qu’à me louer de toutes les marques d’amitié que vous m’avez témoigné depuis plus de dix-huit ans que je suis parmi vous jusqu’à ce moment, je ne l’oublierai de ma vie et si jamais je suis libre, je viendrai encore fixer mon séjour auprès de vous. La séparation présente m’est bien sensible. Il me semble vous entendre dire, comme vous l’avez fait autrefois, que vous désiriez que je prêtasse le serment exigé. Je connais votre bon cœur, votre intention pure mais vous savez qu’on ne doit jamais agir contre sa conscience... Je pars, sans rendre compte de l’Inventaire que j’ai fait afficher lors du décret; mais, messieurs, peut-être avez-vous ordre de me faire saisir ? et vous seriez obligés, malgré votre bon cœur, de me faire de la peine. Mais mon domestique vous remettra la clef de la sacristie, des registres et autres titres. Après la vérification, je vous prie de lui donner décharge. Il vous faudra un prêtre pour vérifier les linges et vases sacrés, le marguillier connaît toutes les clefs. Et pour vous éviter la peine d’aller à Nauzenac, la veuve de PEYRONNIE peut vous apporter les chandeliers, missel, aube et cordon qui y sont. Il peut s’être égaré quelque chose mais sûrement je n’ai rien enlevé, Dieu m’en préserve. Je vous désire toute sorte de prospérité, une bonne santé et croyez-moi, pour la vie votre bon pasteur... VEILHAN, curé-prieur de Soursac. Le 26 juillet 1792. »
Notre curé-prieur est donc parti. Pas bien loin, tout d’abord, si l’on en croit l’Abbé BAZETOU : « pendant des nuits et des nuits, il se cacha dans le ventre rocailleux du rocher de Locaroux appendu sur un abîme, au milieu des bois et des ravins affreux. Mais ne se fiant pas trop à la sécurité de cet asile, pourtant presque inaccessible, il fit ses préparatifs avant d’émigrer et, pour ce faire, il légua ses biens à son frère qui habitait le Bourg de Soursac (il s’agit de François). Il fut conclu une apurante (un contrat) en bonne forme par laquelle son frère s’engageait à lui restituer tous ses biens s’il échappait à la persécution et à la mort. Tranquillisé sur ce point, il partit en émigration ».
M. Yves VEILHAN, d’Angers, auquel l’ébauche de cet article avait été communiquée, répond : « Le prieur ne s’est pas caché avant de partir c’est faux ! ».
Qui a raison ? l’Abbé BAZETOU ou M. VEILHAN ? Tout laisse à penser que c’est le premier, en voici les raisons : M. BAZETOU tenait certainement ces renseignements des gens du pays qui avaient connu le prieur-curé et il est difficile de l’accuser d’avoir inventé le lieu du refuge, le rocher du Locaroux. Dans sa lettre d’adieu, M. VEILHAN précise : « Vous serez étonnés quand vous apprendrez que j’ai quitté la paroisse » – sous entendu mon ministère –. Or, il n’est pas resté au presbytère car, alors, il aurait participé lui-même à l’inventaire et il n’aurait pas laissé ce soin à son domestique et à la veuve PEYRONNIE. Et enfin, ce qui est capital : la lettre à la Municipalité est du 26 juillet. Le laissez-passer d’émigration a été délivré par la Municipalité de Soursac le 12 septembre et contresigné par les administrateurs du directoire du district de Tulle le 13 septembre. Il est bien certain que l’Abbé VEILHAN ne pouvait partir sans laissez-passer, c’eût été trop dangereux. Alors qu’a-t-il fait pendant ces cinquante jours, sinon se réfugier dans le ventre rocailleux de son rocher où des âmes charitables venaient probablement le ravitailler ? C’est là sans doute qu’il reçut le papier, daté du 12 septembre, par lequel le maire et les officiers municipaux lui donnaient décharge de la remise entre leurs mains « des vases sacrés et autres pièces d’argenterie, des linges, ornements, livres consignés dans le registre de la Municipalité en date du 28 février 1790, ainsi que les titres de rente et 60 cayer [sic] de 9 feuilles volantes contenant les extraits de baptêmes, mariages, et sépultures depuis sa prise de possession du 12 novembre 1776 ».
Le laissez-passer délivré à M. VEILHAN nous donne quelques renseignements morphologiques sur le personnage : 43 ans, taille de 5 pieds 1 pouce (près de 1,65 m), cheveux noirs tirant sur le gris, sourcils noirs, yeux roux [?], nez bien fait, bouche moyenne, menton rond, front large, visage maigre. Lequel désire aller en Savoye en passant par Clermont, Lyon dans le délai prescrit par la loi ».
L’Abbé VEILHAN n’attendait que la délivrance de ce laissez-passer pour quitter le ventre rocailleux de son rocher car les visas apposés sur le document nous apprennent que le 16 septembre il était à Clermont, le 19 à Lyon-Vaise, le 26 à Thonon. Notre bon curé n’a pas dû trouver là-bas ce qu’il espérait car il décide de passer en Suisse : le 29 il est à Vevey sur les bords du lac Léman et enfin, le 30 septembre, à Chatel Saint-Denis, sur la route de Fribourg. Lors de son passage à Vevey, il est mentionné comme « allant à Fribourg ». Y est-il allé ? Nous n’en savons rien. Et pourquoi Fribourg ? Peut-être parce que ce canton est de langue française et à majorité catholique ?
Le 20 Thermidor an 3 (7 août 1795) de la République Française une et indivisible, les officiers municipaux et les membres du Conseil Général de la commune attestent que « ...d’après les fréquentes réclamations de tous les individus qui composent la commune au sujet du désir qu’ils nous ont témoigné de vouloir, d’après la loi, rappeler leur prieur pasteur, certifions qu’Antoine Bernard VEILHAN, ci-devant curé de cette commune, né à Neuvic en 1749 [erreur : c’est 1750], s’est rendu recommandable par ses vertus morales et civiles, jusqu’à défaut de prêter le serment décrété, il a été remplacé dans ses fonctions de curé et qu’après son remplacement il a été soumis aux lois, qu’enfin il n’est pas dangereux de solliciter son retour dans notre commune, qu’au contraire nous désirons et l’engageons à se rendre au plus tôt auprès de nous afin d’exercer sous sa conduite notre culte religieux conformément à la loi du 11 Prairial dernier sur la liberté des cultes et prions de le laisser passer librement et de lui prêter aide et assistance. En foi de quoi nous lui avons délivré le présent certificat ». Sur ce document figurent plus de quarante signatures d’officiers municipaux et de notables, sans oublier le commandant de la Garde Nationale et l’instituteur.
Bien entendu, Monseigneur du BOURG avait de nouveau nommé Antoine Bernard à la cure de Soursac. Et le voilà de retour après trois ans d’absence. Nous pouvons penser que sa réception fut chaleureuse.
Une des premières choses qu’il fit fut de se présenter, l’apurante à la main, devant son frère François pour lui réclamer la restitution de ses biens. Laissons parler M. BAZETOU : « François lui arracha l’apurante et la déchira. Vif comme la poudre, prompt comme l’éclair, l’Abbé saisit une arme à feu et il aurait étendu son frère raide mort si la vitesse des pieds de ce misérable ne lui avait sauvé la vie. Elle ne lui sauva sans doute pas son âme, puisqu’il mentit et ne restitua pas. Dès lors, l’Abbé, naguère si riche, désormais si pauvre, n’eut plus de joie sur la terre et, pour ajouter à son malheur, ses paroissiens, dès lors qu’ils le virent pauvre, n’eurent plus pour lui la même considération et le même respect. Il habitait dans un médiocre logement qu’il était obligé de louer. »
M. VEILHAN, d’Angers, conteste quelque peu les dires de l’Abbé BAZETOU lorsqu’il écrit : « L’Abbé VEILHAN n’était pas pauvre après son retour (prêt sans intérêt, facture d’épicerie, ses parents à Neuvic...); Antoine Bernard ne semble pas tenir rigueur à son frère François, beaucoup moins que la tradition ne semble le dire. La scène du fusil doit être romancée. »
Analysons point par point ce commentaire :
- La présence de parents à Neuvic ? Rien ne permet de penser que ses parents aient été disposés à l’aider ou l’aient aidé.
- Facture d’épicerie ? Elle figure effectivement parmi les documents que M. VEILHAN a eu l’obligeance de nous communiquer. C’est la facture d’une épicerie de Bort-les-Orgues en date du 20 avril 1835, elle fait mention d’une bouteille de Rosaglio, d’une bouteille d’anisette, de gelée de coing et s’élève à la somme de ... 13,60 F ! Au reste, cette facture non réglée fit l’objet d’un rappel de l’épicier le ... 25 avril 1836. L’Abbé VEILHAN était mort le 27 août de l’année précédente. Cette modeste facture, impayée, n’est pas une preuve de richesse, surtout lorsque l’on sait la générosité de notre Abbé.
- Troisième argument avancé par M. VEILHAN : un prêt sans intérêt. Effectivement, M. VEILHAN prêta, le 18 janvier 1816, la somme de 220 F à un nommé Blaise FIOUX, de Soursac, qui en avait besoin pour ses affaires. Ce Blaise FIOUX, selon toute vraisemblance, devait être son logeur, car, sur la feuille de reconnaissance de dette, M. VEILHAN a noté que lorsqu’il est entré dans les lieux « ... il n’y avait pas de porte au jardin et à l’écurie, les cheminées de la chambre et de la salle [?] avaient croulé, un ouragan a mis en pièces toutes les vitres de la chambre ainsi que les bois, en mauvais état, qui les portaient; tout le bâtiment et surtout la couverture était en mauvais état. J’ai fait toutes ces réparations. Il ne m’a point été délivré tout ce qui était porté sur le bail et j’ai été obligé d’acheter deux couvertures, l’une en laine, l’autre en coton ».
Ce ne sont pas là des preuves de richesse, bien au contraire.
M. VEILHAN reconnaît toutefois que le « mauvais frère » (cette savoureuse expression est de lui) s’est abstenu de signer la pétition pour le retour du curé-prieur, ce qui dénote pour le moins des arrières pensées peu avouables.
« La scène du fusil doit être romancée » nous dit M. VEILHAN. Je ne partage pas son opinion. Il est impensable qu’un prêtre aussi digne que l’Abbé BAZETOU ait pu consigner des bavardages malveillants sans avoir préalablement vérifié leur bien-fondé.
Antoine Bernard rédigea son testament le 18 mai 1819. Il léguait la somme de 120 F pour être employée en messes chantées pour le repos de son âme, 100 F pour les pauvres de la commune de Soursac, 300 F à chacune de ses deux nièces Jeanne, de Neuvic; il nommait pour son héritier universel Baptiste VEILHAN, propriétaire à Neuvic, son neveu, « à charge pour lui de payer ses dettes et de faire ses honneurs funèbres ».
L’Abbé VEILHAN mourut le 27 août 1835 vers une heure du soir, nous dit son acte de décès, « dans son jardin où il s’était rendu pour des besoins naturels », précise l’Abbé BAZETOU.
(1) Dont la famille, du côté de sa grand-mère maternelle Lucie TARRADE, de Chamberet, était également, apparentée aux VEILHAN de Neuvic. En effet, le 19 octobre 1819, Jean-Louis VEILHAN, géomètre de seconde classe, né à Neuvic le 5 janvier 1783 (mort le 23 octobre 1838), fils de Bernard VEILHAN et de Jeanne LACAZE, épouse à Chamberet, Demoiselle Anne TARRADE, âgée de 27 ans, née à Saint-Martin-Sepert, le 6 février 1782 (morte le 11 mars 1845 à Chamberet), demeurant à Chamberet, fille de M. Pierre TARRADE et Dame Antoinette BRUGERE. Anne TARRADE est la sœur de Barthélémy TARRADE, époux de Marianne DALEM, ancêtres de Robert JOUDOUX (Cf tableaux généalogiques simplifié de la famille TARRADE, in no 99 de Lemouzi, de juillet 1985). Par la suite, les enfants VEILHAN - TARRADE mourront jeunes, et la «propriété VEILHAN» du bourg de Chamberet, maisons sur la rue et terrains, revint à Barthélémy TARRADE, époux d’Anne-Joséphine MAURANGES, fils du précédent Barthélémy.
Les Chambertois continuèrent à appeler rue VEILHAN la dite rue où se trouvaient «les maisons VEILHAN»... Peut-on souhaiter le maintien de cette appellation par une plaque ?
De plus, François-Antoine TARRADE, fils de Pierre TARRADE et d’Antoinette BRUGERE, épouse, le 30 mai 1820, justement à Soursac, Marguerite VEILHAN, née le 17 décembre 1793; morte le 24 décembre 1846 à Chamberet, fille de François VEILHAN, de Neuvic (né en 1760), maire de Soursac, et de Marguerite MAGNE : de ce mariage, Antoinette TARRADE (née en 1821 à Soursac) meurt à Chamberet le 15 juin 1841; Antoine TARRADE (né en 1824 à Soursac) décède toujours à Chamberet le 3 septembre 1848; et enfin Clarisse TARRADE, «la tante du Champ-Neuf» de la grand-mère de Robert JOUDOUX, disparaît, âgée de soixante-dix-neuf ans, le 19 décembre 1904... C’est par elle notamment que se transmirent les traditions de famille...
(2) Descend, en ligne directe, de Jacques VEILHAN, né vers 1631 à Neuvic (mort le 17 mai 1696), fondateur de la lignée, dont les ascendants peuvent se rattacher [?] aux fameux VEILHAN dits de Pennacors... Recherches en cours. Yves VEILHAN réside à Angers. Il a réuni une documentation considérable sur les VEILHAN.
(3) Cette tradition se maintient, également dans la famille maternelle de Robert JOUDOUX, qui l’entendit rapporter par son grand-père, Jean TEXIER, époux de Lucie TARRADE : celui-ci la tenait des TARRADE. Il y avait, chez VEILHAN, «des papiers» (des parchemins paraît-il !), qui disparurent ou furent détruits...