Généalogie VEILHAN

Accueil | Ajouter à vos Favoris | Mises à jour | Livre d'Or | Me contacter
Barba | Bonnafont | de Lélée | Pichelin | Géographie
Arbre Généalogie par Hérédis | Histoires d'ancêtres | Veilhan d'aujourd'hui | Géographie
Arbre Généalogie par Hérédis | Histoires d'ancêtres | Géographie
Généalogie | Histoire | Géographie | Informatique
subglobal5 link | subglobal5 link | subglobal5 link | subglobal5 link | subglobal5 link | subglobal5 link | subglobal5 link
subglobal6 link | subglobal6 link | subglobal6 link | subglobal6 link | subglobal6 link | subglobal6 link | subglobal6 link
subglobal7 link | subglobal7 link | subglobal7 link | subglobal7 link | subglobal7 link | subglobal7 link | subglobal7 link
subglobal8 link | subglobal8 link | subglobal8 link | subglobal8 link | subglobal8 link | subglobal8 link | subglobal8 link

Famille Veilhan - Ancêtres - René Veilhan (1897-1920)

Retour Accueil !
- en Serbie 1918 -

<--- Retour à la page René Veilhan

Notes de Pol Veilhan, son frère, sur la vie de ses parents André Veilhan et Gabrielle Barba :

"René, qui avait passé plusieurs mois au front dans l’artillerie de tranchées (crapouillots) fut désigné pour l’armée d’Orient et vint, en permission de départ, en septembre à Vaufuget où mon père arriva à cette occasion.

Ce fut la dernière fois que la famille se trouva réunie au complet et on prit une dernière photographie.

René partit pour Salonique d’où il fut envoyé en Serbie."

Les textes ci-dessous sont des textes écrits par René ou issus de discussion avec sa mère, collationnés par son frère Alain.

4 octobre 1918

Départ de René pour l'armée d'Orient
Il passe à la gare de Tours où il dit adieu à ses parents qui l’embrassent pour la dernière fois.

8 octobre

"Armée française d'Orient.
Voyage délicieux, acclamés partout ; Nice, Monaco, Vintimille, Gènes, Pise. Ce soir, nous couchons à Livourne. C'est vraiment très beau et très intéressant."

9 octobre

"Me voici à Rome, mais de nuit ; halte repos de deux heures. Voilà le 4e jour et je commence à être bien fatigué […]"

11 octobre

"Base de Tarente.
Nous voilà enfin arrivés ici pour embarquer après cinq jours de chemin de fer. Ce voyage d'ailleurs a été extrêmement intéressant à tous points de vue. Ici nous sommes dans un camp, ce soir nous allons à Tarente et dans le golfe sur une chaloupe automobile italienne. Dans cinq jours, j'espère être à Salonique. Quel voyage, mon Dieu ; eh bien, je n'en suis pas fâché, c'est très intéressant et très curieux.
La vie en Italie est assez chère d'autant plus que l'on nous estampe partout, beaucoup plus que les Américains en France. Écrivez-moi maintenant à l'adresse suivante :

38e d'artillerie 81 batterie S.P. 510 A. Armée d'Orient."

12 octobre

"J’embarque tout à l'heure pour Itea. J'ai rencontré hier Boelle et un autre camarade, tous deux enseignes à bord d'un torpilleur français de Tarente. J'ai passé la journée avec eux, très heureux de les revoir. Nous partons sur un assez beau paquebot escorté, par temps superbe et la traversée sera très agréable (24 à 48 heures)."

14 octobre

"Itea, arrivés ici mais pour peu de temps, toujours en colonne ambulante.
Nous voilà arrivés en Grèce, nous avons débarqué à Itea la grande ville (140 maisons, à côté de Delphes). Nous en repartons d'ailleurs demain sur le bateau. Tout a bien marché, mais je suis légèrement abruti, 35 à 40° à l'ombre, chaleur étouffante et on gèle la nuit. Hier soir, on nous a installés dans un camp de baraques avec pour tout lit, des grillages de fil de fer et des couvertures. Le pays splendide à voir en touriste, en yacht ou en auto, mais pas autrement. Des montagnes baignant dans la mer, des plaines marécageuses, le tout aride et rocailleux, brûlé par le soleil, sans une herbe, sans un arbre, on dirait qu’un immense incendie a tout dévasté. Sur les hauteurs des tentes et des kasbas en terre peinturlurées à la chaux blanche. Heureusement, arrivés à nos corps, on pourra s'installer !

À part cela je suis très heureux et j'espère bien dans quelques jours cogner à bras raccourcis sur les Turcs et les Autrichiens. Maintenant c'est très pittoresque, les Grecs en costumes nationaux, les ânes portant les bagages. Tout le monde en voile et le casque. Nous avons déjeuné en ville. Les serviettes absentes, remplacées par un orchestre de mandolines et de guitares. Voilà un petit aperçu de la guerre en Orient ! Au fond, c'est très amusant et je suis très heureux. On doit très bien s'y faire."

18 octobre
"Salonique. Me voilà à Salonique. Arrivé hier après 18 heures de chemin de fer précédées d'une demi-journée d'auto de Itea à Bralo. Voyage joli et fatigant à travers les Thermopyles, la vallée de Tempée et l'Olympe. Mais bien fatigant par une chaleur torride ! Salonique est immense, mais c'est un énorme faubourg horrible et sale.
L'habitant cosmopolite n'est guère intéressant, il cherche surtout à vous estamper. Par contre, pour manger, nous avons le cercle où pour 5 Fr nous avons un très bon repas et une bouteille de vin à une petite table. Voici le menu d'aujourd'hui, vous verrez que ce n'est pas cher du tout. Mais il ne faut rien acheter à Salonique même.
J'aurai mille choses à vous raconter lorsque que je reviendrai sur les mœurs bizarres, étranges et sales de ces peuples orientaux. Je dois me présenter demain au général qui probablement me donnera mon affectation. Je pense aller en Turquie, en Bulgarie ou en Serbie. Chaleur assez forte, grippe et fièvres dans le pays, mais pour moi cela va très bien."
21 octobre
"Je dois dans deux ou trois jours avoir mon affectation, je ne sais d'ailleurs pour où : le front romain, autrichien ? Ou turc ? La Turquie serait, je crois, le plus intéressant. Un séjour d'occupation à Constantinople ! Le rêve."
25 octobre
"Je viens d’avoir mon affectation : 34e artillerie lourde de campagne 3e groupe, je ne sais pas plus de détail […] Il pleut aujourd'hui pour la première fois à Salonique. Je viens de m'acheter à l’intendance pour 75 Fr une veste canadienne. C'est un petit manteau doublé de fourrure et très chaud, très nécessaire pour les nuits à ce qu'il paraît."
28 octobre
"Je pars après-demain rejoindre mon régiment en Serbie - Bulgarie. C'est très vague mais je n’ai pas le droit de vous en dire plus long. La guerre a l'air de s'avancer et j'espère bientôt que nous serons aussi en Autriche en pays conquis puis ce sera le tour de l'Allemagne.
Je descends tout à l'heure à Salonique faire des provisions de tabac, objets de toilette etc... avant de partir. La vie est ici plus chère mais on trouve tout ce que l'on veut, même des gâteaux comme en temps de paix. J'ai ici de charmants camarades. Toujours du soleil et des moustiques mais des nuits bien fraîches […]"
1er novembre

"En Serbie. Me voilà arrivé dans mon régiment qui est un régiment d'artillerie coloniale. Je viens remplacer le premier adjoint du commandant qui a été évacué en France. J’ai au fond pas mal de travail car mon commandant a 6 batteries lourdes sous ses ordres et je suis son seul adjoint avec un sous-lieutenant. Je tripote de la paperasse toute la journée. J'ai trouvé ici des camarades charmants et beaucoup plus de camaraderie qu'en France, nous sommes en pleine montagne sous la neige dans de petites baraques en terre sèche. S'il n'y avait pas les insectes, cela serait parfait. Nous avons même un phono et tous notre chien pour nous tenir compagnie dans ce bled. Je suis très heureux puisqu'on a signé l'armistice avec les Turcs et je viens de recevoir un coup de téléphone nous annonçant la capitulation de l'Autriche. Il est à prévoir que nous allons faire l'occupation de ce pays et ce sera très chic.

Adresse 343e artillerie coloniale
3e groupe S.P. 519
Armée d'Orient"

3 novembre
"Je suis toujours dans mes montagnes de Serbie, couchant soit sous la tente, soit dans de petites cagnas. Ne serait-ce cette solitude qui vous pèse et le manque de relations avec le reste du monde, je serais très heureux. Je suis l’adjoint d'un commandant d'artillerie lourde coloniale faisant fonction de colonel ou à peu près et j’ai pas mal de travail. Me voilà maintenant devenu un colonial. Or l'artillerie coloniale est assez recherchée.
Je ne sais pas si nous allons rester ici. Nous en avons fini avec les Bulgares, les Turcs et les Autrichiens. Cependant, on parle de nous faire peut-être aller dans le Bosphore garder les forts Turcs."
7 novembre
"Je suis bien triste de la nouvelle que vous m'annoncez. Ce pauvre Thelis était réellement un trop brave garçon et pendant toute cette guerre, il aura toujours fait plus que son devoir. Parmi tous les morts de la famille, c'est certainement celle qui me touche le plus […]
Voilà la guerre qui finit. Pour l'instant nous sommes arrêtés en Serbie, attendant d'aller en Turquie en Autriche. Je voudrais bien que papa cherche à me trouver une situation, cela me serait égal d'aller en Angleterre, Amérique, Algérie, Allemagne. Je désirerais aussi me marier de suite après la guerre. Cela n'est pas de la blague du tout, ce que j'ai dit ! […]"
9 novembre
"Hier j'ai été voir la fête des morts Serbes. C'est tout ce qu’il y a de plus curieux. Pour l'instant nous sommes au repos, en attendant qu'on nous dirige quelque part. À part le service qui est assez restreint forcément en ce moment, c'est la pêche, la chasse et surtout le cheval. Je descends le matin de bonne heure dans la vallée et je pique droit devant moi au grand galop. Les camarades sont tous charmants et j'ai une très bonne place […]"
11 novembre

"Hip hip hourrah ! Nous voilà vainqueurs sur toute la ligne. Il est seulement malheureux pour nous que cela se termine sur un deuil ! […]
Je suis bien fatigué car je viens d'une reconnaissance dans un village turc où nous avons fait une razzia. Il fallait voir les femmes fuir à notre approche ! Nous avons acheté un veau, un chevreau, deux moutons, deux porcs, deux oies, et quinze poules pour notre popote.

Les mœurs sont ici très intéressantes.

Les camarades sont charmants, nous nous entendons merveilleusement et cela nous aide avec nos chiens, nos chevaux, notre phono et les ressources de la popote (jacquet, cartes, échecs) à passer les interminables journées car, même moi qui pourtant ai tout le travail du groupe, n’ai pour ainsi dire rien à faire. Aussi nous nous calfeutrons ; aujourd'hui et ce soir, dans nos petites cagnas, nous n'aurons pas bien chaud. J'ai fait l'acquisition de deux toiles caoutchoutées et de deux toiles de tente de sorte que me voilà monté. Décidément, l'artillerie coloniale est une chic arme et je m'y plais bien. Les poilus sont tous épatants, mais franchement, isolés comme nous sommes sur nos flancs de rochers, ce n'est guère très gai pour fêter la victoire et bien que nous rayonnions tous de joie, nous regrettons de ne pas nous trouver en France.

Nous allons passer un Noël plutôt gai cette année. Il changera un peu de ceux des années précédentes. Je regretterai seulement de ne pas être parmi vous. Je commence à devenir oriental et à prendre quelques habitudes d'ici : la sieste les jours où il fait chaud, les plats épicés, fumer etc ! […]
Si demain il ne neige pas trop, j’irai galoper dans la vallée."

22 novembre
"Nous sommes absolument envahis par la neige et sur nos montagnes, c’est une vie peu banale que nous menons presque enfermés du matin au soir. Nous nous occupons tant bien que mal. Nous lisons, nous jouons au bridge, au jacquet etc … et un peu de photo et de chasse. Nous mangeons aussi presque tous les jours des alouettes que nous chassons. Ma chienne est aussi une de mes grandes occupations. Nous en avons d'ailleurs tous autant et à l'heure des repas, la popote est envahie par une véritable meute."
6 décembre

"Je vous écris dans ma nouvelle cagna. J'ai en effet hâté ma nouvelle installation, le vent ayant cette nuit enlevé la toiture de la mienne. Je me suis donc installé, voilà comment, une baraque en caisses vides pleines de terre avec un toit de tôles ondulées avec dessus du carton bitumé et de la terre ; trois pièces : mon bureau, ma chambre et celle d'un camarade. Trois chambres 1m25 sur 2m75, une porte, une fenêtre, celle-ci de 0m75 sur 0m30. Le tout tapissé avec des stores en raphia que mon ordonnance m'a dénichés, un plafond en toile de tente, le parquet en planches avec un tapis en stores, partout des gravures (vie parisienne). Devant la porte, une portière en toile de tente. L'ameublement consiste en mon lit de camp, une table où j'écris, le téléphone, un rocking-chair ingénieux fait en bois et toile de tente, un banc fantaisie et un escabeau, une petite table de toilette, dans le mur des petits placards qui sont simplement des caisses ne contenant pas de terre, sous le lit la caisse de ma chienne et une cantine, sous le banc une autre. Un chandelier consistant en une petite planche et quatre clous, un plat de campement comme cuvette, une boîte d'allumettes vide comme cendrier.
Avec mes papiers, mes livres, mes cigares et mes cigarettes, je suis là comme un petit prince et je crois le mieux du groupe.

J'ai toujours ma petite chienne qui me tient compagnie, toujours content de mon ordonnance, un vrai brave garçon.

Nous avons joyeusement fêté la sainte-Barbe et je vous envoie le menu fait par mes soins. Nous avons, à la popote de l'état-major, invité tous les officiers artilleurs du groupe et alentour, et nous étions 21 à table.

Nous allons être dissous et partir d'ici dans une quinzaine pour Salonique."

30 décembre
"Mes vœux pour 1919 vous arriveront certainement bien tardivement […]
Ici me voilà toujours à Salonique, cela va faire bientôt trois semaines et on ne parle pas encore de me donner de nouvelle affectation. Je commence à m'ennuyer dans cette ville cosmopolite pas très favorable pour la bourse."
9 janvier 1919
"Je suis toujours à Salonique mais me déplaçant un peu. Ainsi je viens d'aller à Monastir avant-hier et j'y retourne demain pour revenir en avion."
22 janvier
"Enfin il y a du nouveau, j'attendais pour vous le dire que ce soit officiel. Je suis affecté au grand quartier général. Je vais partir dans trois ou quatre jours en mission commerciale à Constantinople ou Sofia. Cela va être très intéressant."

<--- Retour à la page René Veilhan

Plan du site | Confidentialité & Utilisation des données de ce site | ©2007 Olivier V. |