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Famille Veilhan - Ancêtres - André Veilhan (1863-1953)

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André Veilhan & Gabrielle Barba
- Gabrielle avant son mariage -

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1874 1887 1888 1889 1890 1892

Tout le texte qui suit est issu du livre de Pol Veilhan sur la vie de ses parents :

Ma mère était née le 30 décembre 1871 à Lorient. Mon grand-père, Joseph Barba était sorti de L'École Polytechnique dans le Génie Maritime et était alors affecté à Lorient. Il avait épousé en 1867 Marie Bonnafont et avait eu, avant ma mère, deux enfants : René et Jeanne (une petite fille Anne-Marie n'avait vécu que vingt jours).

« Gabrielle nous causa immédiatement les plus vives préoccupations », écrit mon grand-père[1] . « Au bout de quelques jours, elle fut prise d'une bronchite capillaire et finit par demeurer sans connaissance. Je la crus morte et je m'approchais du lit où était encore ma femme pour lui dire que tout était fini, quand nous entendîmes l'enfant pousser un grand cri et montrer qu'elle était encore vivante. Notre médecin, arrivant sur ces entrefaites, la fit envelopper d'ouate avec un énergique révulsif qui produisit l'effet le plus salutaire. On lui avait donné une excellente nourrice, mais bien laide et ayant mauvais caractère. Ma femme, au moment de cette crise, avait fait le vœu, si l'enfant guérissait, d'aller à pied à Ste Anne d'Auray.»

(de Lorient à Sainte-Anne il y avait 38 km. Le pèlerinage eu lieu en 1873. Ma grand-mère partit, non de Lorient, mais de Port-Louis et accomplit les 24 km de l'étape en une seule journée.)

[1] Les renseignements sur la vie de ma mère avant son mariage sont extraits, pour la plupart, des " Souvenirs "de mon grand-pére Barba et des lettres de ma grand-mère Bonnafont Barba. Les passages entre guillemets sont copie de ses souvenirs et lettres.

Port-Louis. Le 25 juillet 1872. Lettre de Marie Barba
« Quand je vois Gabrielle si gracieuse et si gaie, je vous regrette beaucoup et je voudrais que, quand grand-père sera là, il la trouve aussi gentille et aussi bien portante qu'elle l’est en ce moment. Cet enfant, seulement, s'enrhume très facilement et je ne peux lui donner que rarement des bains à cause de cela. »

Lorient. 19 décembre 1873. Lettre de Joseph Barba
« Gabrielle va bien ; elle devient très volontaire, tape tout le monde et je crois que si nous ne commencions pas à réformer un peu son caractère, son mauvais petit caractère, elle deviendrait insupportable. Elle revient très vite par exemple et après une de ses colères il faut qu'elle se fasse embrasser et câliner...»

Lorient. 23 avril 1874. Lettre de Marie Barba
« Gabrielle médite toujours quelques sottises et elle les met très bien à exécution ; à table, elle n'est pas tenable et malgré les corrections de son père, aussitôt qu'elle peut jeter ou son assiette ou sa timbale par terre, elle le fait... »

Lorient. 18 juin 1874. Lettre de Marie Barba

« Gabrielle ne pourra pas manger à table ; tous les jours ce sont des caprices sans fin, des timbales renversées, un tapage affreux avec les cuillères et les fourchettes... Cette petite est bien plus diable que son frère et sa sœur n'étaient à son âge. »

En 1875, mon grand-père, envoyé en mission dans différentes usines, installa sa famille chez sa belle-mère à Antony , puis, au début de l'hiver, dans un appartement à Paris (3 rue Mogador au 5°étage). Mon grand-père[2] quitta la marine au début de 1876 pour entrer au Creusot le 1er mars 1876.
Monsieur Schneider, directeur et propriétaire du Creusot, avait affecté à son nouvel ingénieur une très grande maison avec salon de 10 m. de long, salle à manger de 7 m., salle de billard, deux étages, cuisine au sous-sol et Parc.
Ma grand-mère s’y installa avec ses 4 enfants[3] le 25 mars 1876. Elle engagea pour ses enfants une « bonne » allemande et une institutrice, Marie Morlevat (Mme Juliette plus tard, par son mariage) qui devint une véritable amie de la famille.

[2] Mon arrière-grand-père, le docteur Jean-Pierre Bonnafont (1805 - 1891) avait été chirurgien militaire. Il avait fait la campagne d'Algérie. Auriste célèbre à Paris, il devint membre de l'Académie de Médecine. Il avait épousé Anna-Louise Petiet, petite-fille du baron d'Empire Claude Petiet, ancien conventionnel (ayant voté la mort du roi Louis XVI).

[3] Les 4 enfants sont : René, Jeanne, Gabrielle, Marie-Caroline née le 15 novembre 1874.

Novembre 1876. Lettre de Marie Barba

« Gabrielle saura bien lire pour ses cinq ans. » « Gabrielle sait presque tout à fait lire et elle s'essaye dans tous les livres. »

Le 5 avril 1877 naissait Marcel Barba.

Joseph Barba. Souvenirs

« En 1884, la santé de Gabrielle commença à nous inquiéter. On l'envoya au bord de la mer à Langrune[4], où la tante Petiet du Vésinet (la Générale Léon Petiet) voulut bien se charger d'elle. »
« 1885. Cependant la santé de Gabrielle, malgré son séjour au bord de la mer, continuait à nous préoccuper ; elle avait une insuffisance de la formation osseuse de la colonne vertébrale et une vertèbre menaçait de s'affaisser. On s'en était aperçu en la voyant se tenir toujours mal. On nous engagea d'abord à lui faire un corset spécial ; nous nous décidâmes bientôt à aller consulter à Lyon le célèbre docteur Ollier, auquel mon beau-père nous recommanda. Il trouva la situation assez grave et nous recommanda de faire étendre désormais Gabrielle sur une planche, le dos bien à plat et d'éviter tout mouvement de buste, cela pendant tout le temps de la croissance. Elle aurait, peut-être, un peu de mal à reprendre ensuite l'usage de ses jambes, mais c'était nécessaire pour arriver à la guérison complète. Il conviendrait de passer tous les hivers dans le Midi. Désormais, Gabrielle et sa mère allèrent tous les hivers à Cannes, souvent avec ma belle-mère et toujours avec l'un de mes autres enfants (René en 1886, Marcel en 1887, Marcel et Jeanne en 1889). »
« Pendant les séjours à Cannes, il avait été recommandé à Gabrielle de faire de longues stations en mer. Nous avions loué une barque où on l’étendait et où elle passait des après-midi entières, lisant et travaillant. Cette barque était conduite par Ollivier, véritable marin d'eau douce, qui prenait un parapluie dès qu'il tombait quelques gouttes et refusait de sortir quand la mer était un tant soit peu agitée. Notre bonne Mariette[5] accompagnait généralement Gabrielle, car ces promenades ne réussissaient pas à sa mère.[6] »
« À plusieurs reprises, sa fille fut montrée en allant dans le Midi ou en revenant à l'excellent chirurgien Ollier qui nous donna de bons conseils… »
« ... un autre peintre, tout jeune alors, M. Schuller donna à mes filles des leçons d'aquarelles... »
« ... La fidèle Mariette, sujette elle-même à bien des misères de santé, soignait Gabrielle avec un véritable dévouement et avait pour la famille une bien rare affection. »

[4] Langrune-sur-mer, (Calvados), à 16 km de Caen.

[5] Mariette demeura toute sa vie au service de mon grand-père, et ma mère avait pour elle une profonde affection. Mariette mourut en 1915 à Saint-Brieuc.

[6] Ma grand-mère était atteinte d'une maladie de coeur depuis la naissance de son dernier fils Marcel.

Lettre de Marie Barba. Cannes. Le 31 mars 1887

« Je compte Mariette dans les premiers jours de mai à Lyon, pour consulter le docteur Ollier pour Gaby ; nous ne voulons pas la bouger de sa planche avant qu'il ne l'ait vue... »

Ma mère revient, en effet, au Creusot, toujours étendu.

Lettre de Marie Barba.[7] Entre Saint-Dizier et Cercy-la-tour. Le 8 août 1887

« … j'ai quitté tout à l'heure mon cher monde avec le cœur bien gros. Gabrielle n'est pas brillante ces jours-ci ; cette chaleur l'étouffe ; elle n'a pas d'entrain et je ne sais trop ce qui va advenir de ce séjour au Creusot dans ces conditions... »

[7] Ma grand-mère se rendait à Bagnols en Lozère, pour soigner sa maladie de cœur et avait laissé sa fille au Creusot. Bagnols-les-bains se trouve à 21 km à l'est de Mende, sur la R.N. 101 dans les gorges du Tarn.

Lettre de Marie Barba. [8] Le Creusot. 14 septembre 1887

« … j'ai trouvé Gabie plus grosse et plus fraîche ; elle est toujours soumise à l'engraissement forcé... On la lève 4 fois par jour pendant 8 à 9 minutes, mais ses jambes et ses bras sont encore si faibles que les unes ne la soutiennent pas fermement par terre et que les autres ne s'appuient pas assez sur les poignées de la béquille. »

[8] Après sa cure à Bagnols, ma grand-mère revenait au Creusot par Nîmes, Avignon, Rives, Aix-les-Bains et Ambérieu !

Lettre de Marie Barba. Le Creusot. 13 octobre 1887

« … le sort en est jeté et je vais être obligée de reprendre le mois prochain le chemin du Midi avec mes fille et Mariette. Gabie n'est pas en état d'être laissée sans sa maman, pour le moment... »


Lettre de Marie Barba. Le Creusot. 18 octobre 1887

« … le docteur a constaté la guérison du dos de Gabrielle, d'une façon inespérée (que j'attribue à mon reposoir de la Fête-Dieu et à la bénédiction du Très Saint-Sacrement). Mais elle ne peut toujours pas rester levée ; je vis dans l'espoir que cet hiver sera favorable à ma fille... »

En novembre 1887, ma grand-mère partit pour Cannes avec Jeanne et Gabrielle et Mariette bien sûr.

de Marie Barba. 21 novembre 1887

« ... Ma pauvre chérie (Gabrielle) va un peu mieux... Le voyage a été des plus pénibles et le trajet m'a paru long... Nous avons un charmant rez-de-chaussée, une des premières maisons de la Croisette. Le tout Cannes défile devant mes fenêtres, soit en voiture, soit à pied et il n'y a que la chaussée à traverser pour être au bord de la mer... »


Lettre de Marie Barba.[9] 9 mai 1888

« ... Nous avons retrouvé Gabrielle en bon état. Joseph l’a trouvée transformée au physique et au moral... Mais elle ne marche toujours pas ... »

Au retour de Cannes, mon grand-père loua une petite maison aux environs du Creusot, à Martigny, à 3 km environ de la station du chemin de fer de Marmagne.[10] C'est là que ma grand-mère passa l'été de 1988.

[9] Ma grand-mère était allée au Creusot et était revenue à Cannes avec son mari.

[10] Marmagne-s-Creusot, sur la ligne Nevers-Chagny, à 7 km du Creusot.

Lettre de Marie Barba. Martigny près de St-Symphorien par Montcenis. Août 1888

« ... Gabrielle a de très gentils bébés à la ferme et une jeune protégée au village qui vient tous les jeudis ; on lui apprend le catéchisme... Gabrielle ne se décide toujours pas à marcher ; elle est bien changée en mieux et j'espère que le temps et la patience viendront au bout de cette maladie si longue... »

L'hiver approchait et il fallait repartir pour le Midi.

De Joseph Barba. Souvenirs

« A la fin de ce séjour à Martigny, l'état de Gabrielle était devenu plus grave et il devenait urgent de repartir pour Cannes... Le voyage se passa bien, grâce à l'obligeance de M. Noblemaire, alors directeur du P.L.M..[11] La voiture où était Gabrielle fut rattachée à Chagny dans le train de Cannes, ce qui évita le transport difficile d'un train à l'autre avec stationnement sur le quai... »

L'état de Gabrielle s'améliorera rapidement. Pendant l'hiver 1888-89, ma grand-mère n'accompagna pas sa fille à Cannes. Elle fut confiée, en même temps que Marcel aux grands-parents Bonnafont, en gardant auprès d'elle la fidèle et dévouée Mariette ; ils habitèrent dans le même appartement que l'année précédente, sur la Croisette, près de Notre-Dame de Bon Voyage.
Cependant ma grand-mère va à Cannes en mars 1889.

[11] Les chemins de fer français comportaient à cette époque un réseau d'État : l'Ouest-État et des réseaux privés : Nord, Est, P.O. (Paris - Orléans), Midi, P.L.M. (Paris - Lyon - Méditerranée).

Lettre de Marie Barba. Cannes. 27 mars 1889

« Je pense quitter Cannes le vendredi 29 mars au plus tard... Gabrielle va pas mal ; son moral est infiniment meilleur que l'an dernier... »

En juin 1889, mon grand-père alla chercher ma mère à Cannes et c'est au retour qu’eut lieu la guérison miraculeuse. Ma mère a toujours refusé d'en parler et ses enfants n'ont jamais su, de son vivant les circonstances de cette guérison. Celles-ci ne furent connues que par les Souvenirs de mon grand-père, souvenirs que je n'ai eus entre les mains qu’en 1956.

De Joseph Barba. Souvenirs

« L’état de Gabrielle s’était amélioré et quand je vins à Cannes la chercher, je la trouvai en bien meilleure santé. J’essayai de lui faire reprendre l’usage de ses jambes. Il fallait revenir à la station verticale ; j’avais fait faire une table présentant deux articulations pour le buste et pour les jambes ; on pouvait faire fléchir progressivement les deux parties, mais Gabrielle ne pouvait pas supporter une flexion un peu plus prononcée. »
« Il fallut se remettre en route en emportant la voiture dont on se servait toujours. Je laissais Marie avec Jeanne se diriger sur Bagnols, et avec la fidèle Mariette, nous partîmes pour Paray-le-Monial. Gabrielle avait la plus entière confiance dans l'intercession de la bienheureuse Marguerite-Marie et la conviction qu’elle serait guérie dans ce sanctuaire. Le 4 juin 1889, après une nuit bien reposante, Mariette roula Gabrielle dans sa voiture à l'entrée du chœur, devant la grille de communion. Mme Morlevat était venue nous rejoindre. Qu'on juge de mon émotion quand, au moment de l'Élévation, je vis ma fille se lever toute droite, descendre de sa voiture pour s’agenouiller devant la grille et se tenir debout, la main appuyée sur la chasse, demeurer ainsi quelques instants pour revenir s’agenouiller de nouveau. Elle se releva et reprit mon bras pour sortir de l’église. Elle était guérie par un effort vraiment miraculeux de sa volonté et nous pouvions adresser au Bon Dieu des actions de grâce bien ferventes pour lui avoir donné cette merveilleuse énergie. Nous abandonnâmes la voiture dans la chapelle, puis nous rentrâmes à l’hôtel pour déjeuner et prendre le chemin de fer nous ramenant à Broyes. »

Il s’agirait, certes, comme le dit mon grand-père, d’un miracle de la volonté. Mais songeons cependant, que ma mère était restée pratiquement immobilisée de 1885 à 1889 soit pendant 4 ans (de 14 à 18 ans). Or, aussitôt après le miracle elle s’agenouille deux fois et marche. Je ne sais où était l’hôtel, mais de la Basilique à la gare il y a 1km200 environ. On imaginerait une rééducation progressive des membres tandis que d’emblée ma mère peut se lever, fléchir les genoux, s’asseoir, parcourir plus d’un kilomètre, prendre le train !

Broyes dont il est question plus haut, était une location de campagne, remplaçant celle de Martigny, l’été précédent et qui était plus confortable, au dessus du village. Broyes se trouve sur la ligne Nevers-Chagny à 13 km environ du Creusot.

Je reprends les souvenirs de mon grand-père :

« C’est alors que nous arrivions avec Gabrielle et Mariette après la journée si mouvementée de la guérison. Les voyageurs, en nous voyant changer de train à la gare de Montchanin, étaient bien surpris de voir à mon bras cette jeune fille en robe de chambre blanche, paraissant se soucier si peu du costume féminin à la mode. Des dépêches avaient tenu Marie au courant et elle attendait avec impatience le moment de son retour... »


Lettre de Marie Barba. Bagnols-les-Bains. 21 juin 1889

« Ma chère Gabie continue ses progrès ; le docteur D... est dans l’émerveillement et ne pouvait en croire ses yeux, mais comme beaucoup de ses pareils, l'idée du doigt de Dieu ne lui entre pas dans l’esprit, ou plutôt il ne veut pas en convenir et il dit que « Mlle Gabrielle a déployé une bien grande force de volonté » Cette volonté a été pourtant bien ordonnée par Dieu et les médecins n'ont rien pu, ni rien fait. De plus, Gabrielle, en se mettant debout n'a ni un vertige, ni une douleur et ses jambes qui n'obéissaient plus à sa volonté sont rentrées dans l'ordre et tout a fonctionné admirablement... »

Le 30 juin 1889, ma grand-mère revient de Bagnols et le 3 ou 4 juillet, elle accompagne sa fille à Paray. C'était donc un mois après la guérison.

Lettre de Marie Barba. Charmot. 7 juillet 1889

« ... Nous avons eu encore une grâce (à Paray-le-Monial). Gabrielle a laissé de côté à la chapelle de la Visitation la canne qui l’aidait à marcher et elle est revenue sans aide ni secours... Nous avons reçu la sainte communion dans la petite chapelle où l’on prie si bien... Nous avons passé une bien douce journée et à 6h1/2 nous sommes reparties avec le train spécial du pèlerinage. Nous avons couché au Creusot et ne sommes revenues à Charmot que les vendredi 5 juillet à 7h dans une bonne voiture à deux chevaux. Jeanne était un peu souffrante et a dû se mettre au lit ... C’est donc Gabie qui a soigné sa sœur hier, lui faisant ses commissions, lui tenant compagnie etc... choses qui nous semblaient bien surprenantes. Nous sommes allées à la grand-messe ce matin, Gabrielle et moi dans la voiture à âne... »

En octobre, retour de la famille au Creusot. Puis le 22 octobre, ma mère avec ma grand-mère et Jeanne partent pour les « Plants », chez Eugénie Petiet. En novembre ma mère reprend ses leçons de dessin et peinture avec M. Bernardo qui habitait Autun et venait spécialement au Creusot pour ces leçons. Un vieux que l’on faisait venir de l’asile servait souvent de modèle.
En décembre 1889 on prépare les réunions de Noël. Ce fut le premier bal de ma mère. Il y eut un menuet dansé par 8 couples et une représentation théâtrale « Le nouveau Seigneur du Village » à la « Verrerie » chez les Schneider. On dansa jusqu’à 3 h 1/2.

Le 11 février 1890, ma mère et sa sœur Jeanne partent pour Cannes, certainement avec Mariette.

« Me voici sans mes deux filles », écrit ma grand-mère. « ... Je suis bien aise que Gabrielle puisse vivre au grand air et au soleil pendant ces 43 jours et éviter cette queue d’hiver qui est très rude et pénible... »

En juin 1890, ma mère est à Charmot où elle passe l’été. Sa tante Marguerite Petit-Bergonz y vient en septembre et ma mère fait de nombreux croquis de ses cousins Stéphane et Henri alors bébé. En novembre ma mère avec ses parents, Jeanne et René passe quelque temps à Mont.[12]

Elle dut aller ensuite chez ses grands-parents Bonnafont à Paris ou à Antony et ma grand-mère écrit le 3 décembre :

« Je pense que mes parents partiront pour Cannes la semaine prochaine. Gabrielle ira alors demeurer chez Marguerite (Petit-Bergonz). L’Atelier où elle va travailler est à 7 minutes de la rue de Prony ; elle s’y rendra tous les matins de 8 h à midi. Elle est pleine d’ardeur et de désir d’arriver et j’espère qu’elle fera des progrès... »

Il s’agissait de cours de dessin et de peinture car au Creusot il était difficile de faire de grands progrès. Ma mère s’installa donc à Paris, rue de Prony, chez sa tante Petit-Bergonz (qui y avait un joli petit hôtel particulier). Son frère René y était déjà et commençait sa carrière d’architecte tout en étant à l’école des Beaux-Arts. Sa sœur Jeanne vint aussi à Paris en 1891 et prenait des leçons de chant. Elle habitait aussi rue de Prony. Ma mère était donc très entourée.
Elle fut très émue par la mort de son grand-père, le docteur Bonnafont, survenue le 19 mai 1891 et elle assista à son enterrement à Antony.
Le 29 mai, ma mère quitte Paris avec son père et revint au Creusot. Elle alla ensuite à Charmot.

[12] Le château de Mont appartenait à Mr Louis Cornu marié à Juliette Leblanc-Duvernoy cousine germaine de ma grand-mère Marie Barba. De ce mariage, deux filles étaient nées : Marie 1871-1883 et Eugénie, la future Mme Edouard Michon. Le trajet du Creusot à Mont s'effectuait par la ligne de chemin de fer de Chagny à Nevers jusqu'à Cercy-la-Tour (74 km), puis par la ligne de Cercy jusqu'à Aunay (51 km) où une voiture du château attendait les voyageurs pour un dernier parcours de 11 km environ. Après la mort de Mme Cornu en 1926, le château revint à Edouard Michon.

Lettre de Marie Barba. Charmot. 21 août 1891

« Joseph a fait revenir Bernardo. Gaby déclare qu’il donne parfaitement ses leçons dont elle profite bien mieux qu’autrefois... Je suis très contente ... de Gabrielle aussi ; je la retrouve en train, gaie, et taquine comme autrefois et cela me fait plaisir de la voir sauter, courir et discuter avec Marcel... »

Puis, retour au Creusot dont la vie calme et tranquille est évoquée par ma grand-mère :

>Lettre de Marie Barba. Le Creusot. 12 novembre 1891 (à son fils Marcel)

« Nous continuons notre vie calme et tranquille, ton père, tes sœurs et moi. Le mardi la bibliothèque se transforme en salon et j’y reçois de nombreuses visites ; le grand salon est loin d’être prêt et tes sœurs me font la guerre pour cela.
Gabrielle a toujours autant de plaisir à travailler dans son atelier. Elle a commencé un vieux de l’asile qui pose parfaitement et n’est jamais fatigué.
»


Lettre de Marie Barba du 3 janvier 1892
« Ma chère Jeanne est à Paris chez ma mère ... Gabrielle me tient ici fidèle compagnie ; elle se dédouble pour remplacer sa sœur et elle est incroyable d’activité et de vivacité. Nous trouvons ses progrès en peinture très sensibles et je voudrais vous en faire juges. C’est étonnant comme en travaillant l’huile, ses aquarelles ont gagné...) »

Un concert de bienfaisance eut lieu au Creusot le samedi 20 février 1892 :

« Gabrielle est la personne la plus occupée du monde ; elle va faire les programmes pour le concert et des lots en quantité. Elle peint le fils de Lazarette en enfant de chœur chantant et il est assez bien jusqu’ici. » Puis :
« Gaby s’est multipliée au concert. Elle a peint de grands programmes à l’aquarelle qu’elle a vendus 5 francs ... puis elle en a dessiné 6 autres différents qui ont été reproduits par l’autocopiste ... Puis elle a aidé aux transports de lots, étalages, étiquetages ... aussi est-elle un peu surmenée. »

Ma grand-mère Barba mourut après une embolie le 5 mars 1892 et mon grand-père se trouva seul dans la maison si vaste du Creusot, avec ses filles Jeanne et Gabrielle.
Mais le 28 décembre 1892, Jeanne épousait le lieutenant de dragons Maurice Vachon et Gabrielle tint seule la maison, aidée par la fidèle Mariette. Elle accompagna son père dans ses nombreux déplacements à Paris.
Les étés de 1893 et 1894 se passèrent encore à Charmot et aussi à Rives chez les oncle et tante Clément ... Ma mère retrouvait en particulier à Rives son cousin Maurice Clément. Ses frères René et Marcel passaient aussi leurs vacances à Charmot. Et c’est là qu’en 1894 Jeanne eut son premier né Thélis.
Jeanne habitait Dôle et ma mère alla souvent lui tenir compagnie ; elle dessinait beaucoup.
Le 4 octobre 1894 ma mère assiste au mariage de son frère René.

Mon grand-père donna sa démission du Creusot fin 1894, à 54 ans, et décida de s’installer à Paris. Fin décembre il loua un appartement au 39 de la rue Mozart, à l’angle de la rue du Ranelagh.
En revenant de Paris avec sa mère, il s’arrêta aux Plants chez Eugénie Petiet. Puis ma mère l’aida à préparer le déménagement.
Père et fille partirent à Dôle au début de 1895 pour la naissance du second enfant de Jeanne : Marie-Josephe (Josette).
A Paris, ils s’installèrent quelque temps rue de Prony chez les Petit-Bergonz et entrèrent en mars 1895 dans l’appartement de la rue Mozart. Mariette avait suivi et Marcel quitta son internat de l’école Bossuet pour se joindre à eux.
Je n’ai pas de détails sur la vie à Paris entre mars 1895 et mars 1897. En juin 1896 ma mère fit un séjour à Amiens chez ses cousins Remy.

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