André Veilhan & Gabrielle
Barba
- Le buste -
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Voyage en Amérique | Le buste | Période de la guerre |
Le texte qui suit est issu du livre de Chantal Le Gallo, fille d'Alain Veilhan, petite-fille d'André.
Je vous livre le distrayant épisode du buste de grand-père raconté par ma mère Marthe, sa belle-fille : « Spirituel, caustique à l'occasion,
fin conteur, grand-père a laissé à ses petits enfants et
bien au-delà du cercle de famille, le souvenir d'un charmant vieux monsieur,
courtois, parfait homme du monde et très bon, sous une écorce
autoritaire. « Tous deux se trouvèrent un jour entamer la conversation avec une jeune voyageuse qui semblait observer grand-père avec un vif intérêt. Après quelques préambules, la jeune femme (une trentaine d'années) s'enhardit jusqu'à confier à grand-père le motif de cet intérêt : elle était sculpteur, la physionomie vivante et les traits accentués de grand-père avaient attiré son attention, beau profil de médaille au nez aquilin, la bouche fine, un large front prolongé d'une belle calvitie sans mystère, bref Martine Perdriel (déjà ils avaient échangé leurs noms, tandis que défilaient les bornes) voyait déjà le buste de grand-père naissant de ses doigts dans la glaise. « oserais-je, Monsieur, vous proposer de poser pour un buste ? » Tous trois habitaient Versailles. « Le projet prit corps ; après quelques mois de séances de pose, devenus grands amis, Martine apportait aux grands-parents un très beau buste. Elle avait du talent et le buste était criant de vérité et semblait plein de vie et d'esprit. Martine, devenue familière de la maison et de ces deux bons vieillards, partagea notre chagrin lorsque, repus d'âge et d'années, tous les deux successivement entrèrent dans le repos du Seigneur. « Il fallut vider le petit appartement
de l'avenue de Paris, à Versailles, et partager entre les quatre enfants
tout ce qu'il contenait, partage aisé dans la bonne entente et l'affection
qui unissait les héritiers; Cependant l'attribution du buste n'alla pas
sans quelque problème. « Grand-père débarqua
ainsi dans un grand salon de province, froid et majestueux (Angers). Yves l'intronisa
solennellement, en le présentant à ses amis et relations : «
Voici mon père, récemment décédé »
disait-il... mais grand-Père le regardait d'un air malin avec un sourire
en coin qui variait avec l'éclairage. Pour comble, sa femme déclarait
à qui voulait l'entendre, que son beau-père se moquait d'elle
avec ce buste, comme il l'avait toujours fait d'ailleurs. Le buste fut finalement retrouvé quelques années plus tard et échut, je crois, à la branche aînée de la famille. Le buste fut retrouvé sans peine chez Pol à Nice, au moment où après la vente de Lou Miradou, il fallut déménager. Transporté de Nice à Paris par Jean-Claude, puis de Paris à Angers par Francis, il regagna les Tranchandières. Au passage, Francis demanda à un élève de l’école des beaux arts d’Angers d’en faire une copie (et non un moulage), copie très réussie qui restera dans la famille Francis. Le buste original est à ce jour (2003) chez l’ainé de la génération : Bruno. (note de Francis Veilhan) |