Généalogie VEILHAN

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Famille Veilhan - Ancêtres - André Veilhan (1863-1953)

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André Veilhan & Gabrielle Barba
- Le voyage en Amérique -

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Ker-Huella Le voyage en Amérique Le buste

Tout le texte qui suit est issu du livre de Pol Veilhan sur la vie de ses parents :

En 1905, André Veilhan fut envoyé par sa compagnie en Amérique, à un congrès mondial du chemin de fer. Il parcourut ensuite plusieurs États des États-Unis et une partie du Mexique.

Nous avons retrouvé de nombreux documents concernant ce voyage mémorable. Il est très étonnant de voir que pendant les deux mois et demi (du 22 avril au 5 juillet) où mon grand-père fut éloigné des siens, il trouva le moyen, malgré un emploi du temps chargé, d'écrire de longues et fréquentes lettres à sa famille, des lettres intimes à sa très chère épouse, et un journal de voyage, sans compter la tenue détaillée de ses dépenses.

[Francis, frère de Chantal, a saisi sous informatique l'ensemble de ces lettres et notes. Pour en voir un extrait et en savoir plus, aller voir sur la page correspondante]

Il est touchant d'y voir son attachement et son affection pour les siens et il est passionnant de le suivre dans sa découverte du nouveau monde en ce début du vingtième siècle.

« Le paquebot « Le Lorraine », 160 mètres de long, vitesse 21 nœuds (39 kms 585), transporte 1.400 personnes, membres d'équipage et employés, 1ère, 2e, 3e classe et des émigrants, pauvres, déguenillés qui paient 140 frs pour le voyage, qui dure une semaine environ.
« Une foule énorme est massée sur le quai. Gabrielle et les enfants agitent leur mouchoir et le bateau s'éloigne.
« Me voilà seul, et une furieuse envie me reprit tout à coup de retourner à terre. C'était encore si près, en sautant dans une barque, j'aurais pu vous rejoindre, enfin des folies ! »

En homme méticuleux, il note d'une écriture serrée et régulière, tout le contenu de ses bagages. J'y trouve :
« ... habit et jacquette, 18 faux cols, un pyjama complet! ... 3 chemises de nuit... 12 cravates; plastron, régates pour tous les jours ou pour les dimanches, à nouer, ou blanches de soirée, » mais seulement « trois caleçons toile … 6 paires de gants... » sans oublier les mesures d'un « suit case 95 cm x 18 cm x 61 cm en cuir ».

Les congressistes sont bien soignés. Ambiance luxueuse et mondaine, repas pantagruéliques, concerts trois fois par jour, promenades sur le pont, farniente et... mal de mer.
On se salue, on fait connaissance, on cause mais : « d'une manière générale, tout le monde a l'air un peu gourmé, compassé, on se renferme dans sa dignité. »
« On fait de la toilette pour dîner, je mets simplement en jacquette. Presque tout le monde est en habit, les dames en grande toilette et décolletés, bijoux et nœuds de rubans ou fleurs dans les cheveux, »
« Comme je suis tout près de la porte de la salle à manger, je n'ai pas à me gêner et je déjeune toujours en veston de voyage et le soir je dîne en jacquette. »
« Les couchettes de première sont équipées d'un lavabo avec lampe électrique, d'un vase de nuit mais pas d'eau courante, »

Il fait la connaissance de deux jeunes filles américaines :
« Nous ne comprenons pas en France cette liberté donnée à deux jeunes filles qui voyagent ainsi sans aucun mentor, mais là-bas, personne ne s'en montre étonné, »

Le temps est beau mais … « le quatrième jour, sur le pont, j'étais à l'arrière du bateau », tout à coup en quelques secondes, le vent vint à sauter au Nord-Ouest, on voyait au loin de ce côté la mer se soulever et accourir vers nous en vagues énormes..., il y avait concert dans le salon.., tous les auditeurs et les musiciens furent renversés, les instruments de musique, les chaises, les fauteuils etc, glissant d'un bord à l'autre. »

Changement d'ambiance, la tempête dure plusieurs jours. La brume lui succède en arrivant vers New-York, tandis qu'un grand dîner marque la fin de la traversée.
« Je suis resté dans la porte, faisant de nombreux tours sur le pont. C'est un contraste frappant. Au-dehors, les beuglements de la sirène, les matelots penchés le long du bord cherchant anxieux à percer les ténèbres et le brouillard intense... Tout donne l'impression d'une navigation dangereuse et quand je me retourne vers le rouff, au travers des hublots, je vois un salon illuminé, des dames en toilette de bal, des messieurs en habit » … et tout cela cause, et tout cela rit et tout cela fleurte ! ... »

A l'hôtel Manhattan à New-York, il s'extasie : 600 chambres, 650 employés, des machines partout.
En train : Philadelphie, Washington… le voyage est mal organisé.
« Tout cela est prétexte à réception, à toilettes pour les dames, Ce n'est plus un voyage... encore moins un voyage d'instruction. Pour passer mon temps en habit à banqueter et ne rien voir des Américains ni de l'Amérique, ce n'est pas la peine d'avoir été si loin. »
Il faut se débrouiller tout seul pour trouver une chambre, et cela à prix d'or.
« Je déjeune aussi mal et aussi cher que possible avec une ratatouille américaine qui n'a pas de nom. Il doit y entrer du millet pour les oiseaux, de la graisse, du chou-fleur, tout cela arrosé de lait froid, c'est atroce, tout simplement. »

Par contre la ville de Washington, c'est un enchantement...

Réunions du Congrès, discours interminables, chaleur épouvantable...
Du coup, André s'entend avec Monsieur Sejourne, un ingénieur en chef du PLM, un « homme des plus distingués », pour échapper à cet emploi du temps et visiter l'Amérique à deux.

Il s'étonne du nombre de femmes qui travaillent dans les bureaux...
« Pendant ce temps, le mari, quand elles en ont, est à ses affaires. Le soir, on se retrouve et alors on s'amuse, on se promène dans la rue en grande toilette et en « cheveux », l'éventail à la main.
« Du reste, personne ne se gêne. Il fait une chaleur étouffante, et je viens de rencontrer un monsieur fort bien en apparence qui conduisait son auto en pantalon et chemise; j'oubliais, il avait gardé ses bretelles. Et tout le monde trouve cela tout naturel. »
« De nombreuses automobiles passent conduites par de jeunes femmes seules, en grande toilette (toujours) et qui vont faire leurs emplettes, et elles en font !!! »
« Je vais entendre la messe dans une des quatre ou cinq églises catholiques romaines... C'est la chapelle des nègres et j'ai non loin de moi une petite négresse d'une quinzaine d'années en toilette toute blanche avec un immense chapeau rose tendre ! ».
« A noter que les nègres ne sont admis dans le train que dans un wagon spécial qui leur est spécifiquement affecté. Pour un peuple égalitaire, cela donne à réfléchir ! »
« Les nègres habitent les faubourgs de la ville... Dans cet immense poulailler pullulent des nègres en quantités innombrables et dans une saleté repoussante autant que j'en ai pu juger. Les jeunes gens avec un pantalon clair troué, un veston trop court et un col crasseux, se promènent fièrement en fumant un gros cigare, une badine à la main et un éternel chapeau melon de travers sur la tête, c'est à se tordre. C'est le vrai nègre de comédie. Ravissants sont d'ailleurs les petits négrillots qui courent dans le ruisseau.
« Et cependant on sent que cette race est méprisée, ainsi dans les tramways, ils doivent rester sur la plate-forme arrière, le blanc se met devant. Je trouve que je suis bien heureux d'être blanc, c'est une pensée qui ne m'était pas encore venue. Les voyages forment la jeunesse ! »
« Les Américains se tiennent mieux que les Français, ne se bousculent pas à la porte d'un théâtre mais, chacun pour soi, c'est la devise américaine. »
« Sans bien m'en rendre compte, ce qui me déplaît ici, c'est cette vie, ces idées si contraires aux miennes, aux nôtres. »
« Les Américaines ne font rien de leurs dix doigts, ont un enfant, très rarement deux... elles le nourrissent elles-mêmes (elles n'ont pas de nourrice) et, aussitôt qu'il peut marcher, on les fourre dans des institutions spéciales où on les élève ensemble garçons et filles. Telle est la femme américaine ! J'aime mieux les françaises. »

Après la Garden-Party offerte par le Président des États-Unis, grand-père entreprend donc un voyage en train avec Monsieur Sejourne: Kansas City, Colorado Springs, Las Vegas (« nous sommes en pleine Espagne », écrit-il) Laguna, village indien, femmes portant sur le dos leurs enfants dans des sacs de peaux.
Il s'arrête à l'hôtel, un des plus chics et des plus chers, juste devant le Grand Canyon du Colorado qui le laisse béat.
Vingt-quatre heures de train l'amènent à Los Angeles puis San Francisco, Ouaha (Nebraska) et Mexico.
Il parcourt les États-unis en tous sens, poussant au-delà jusqu'à Vancouver, Mexico et le Québec, toujours en train.

Avec Monsieur Sejourne, ils sont les deux seuls congressistes français à s'être lancés dans cette aventure qui restera « LE » grand voyage de sa vie, bien qu'il n'ait jamais cessé d'utiliser les nombreux permis de voyages gratuits octroyés par les chemins de fer à leur personnel.

Tout au long de ces semaines de séparation, il ne cesse d'écrire à sa femme de tendres lettres d'amoureux :
« même si entouré, je suis bien seul sans toi, rien ne me remplace ma chère petite femme si aimante mais bien aimée aussi...
« Je pense à toi toute la journée et tu es sans cesse présente à ma pensée. Je suis un peu dans ce voyage comme quelqu'un à qui il manque quelque chose et qui le cherche partout... »
« Oh! ma douce chérie, ma bonne et brave petite femme, mon tendre amour. La petite plante que tu trouveras là dans cette lettre fut cueillie pour toi au Mexique à Paso Del Macho, puisse-t-elle te parler de moi et te reporter tout ce que j'y ai mis d'amour. »

Ouvrons ici une parenthèse pour faire remarquer que toute leur vie de ménage, ils se diront « vous » en public et « tu » en privé. Cela donnera lieu à bien des entorses involontaires à la règle.
La pauvre Gabrielle s'embrouillait parfois et je me souviens de sa confusion et des regards courroucés de son mari, devant l'assistance amusée.

Dans une de ses lettres, il rappelle à sa femme leur rendez-vous horaire convenu à l'avance :
« A New-York, je ferai ma prière à 5 heures du soir (il sera 10 heures en France).

Il lui demande de venir l'attendre au Havre au retour :
« Les quais du Havre sont mal fréquentés et réellement dangereux, et je tiens absolument que vous n'y alliez qu'en voiture... Ne vous approchez pas du bord des quais. »

Le 5 juillet 1905, il reprend pied avec joie sur le sol de France.

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