La nouvelle situation de mon père
ne comportait pas le logement comme à Moulins. La crise du logement sévissait
à cette époque et mes parents ne pouvaient se faire, d'autre part,
à l'idée d'habiter un appartement. Du 8 au 11 mars, mes parents
parcoururent Paris en vain et ne trouvèrent que plus tard un petit hôtel
particulier au N° 7 de la rue Ibry à Neuilly, au bout de l'avenue
de Neuilly.
Le déménagement eut lieu
le 10 mai et les meubles de Ker-Huella s'entassèrent dans un espace trop
petit pour eux.
Du 20 août au 23 septembre, ma mère,
Alain, Jo et moi sommes à Vouvray.
Le 12 janvier, mon frère René
mourait à Constantinople, atteint par une forme aiguë de grippe
espagnole. Il fut enlevé en quelques jours, assisté dans ses derniers
moments par l'abbé Mussoli, sujet turc d'origine grecque, qui pris plus
tard le nom d’abbé Noël et demeura toujours un ami de la famille.
(René, après la campagne de Serbie avait été affecté
à Constantinople. Démobilisé, il était resté
en Turquie et avait monté une affaire commerciale.)
Le désespoir de mes parents fut immense.
Mais ils s’imposèrent très vite, pour leurs enfants, de
reprendre une vie normale.
Yves part en mars 1920 au 6° Bataillon de Chasseurs alpins à Grenoble.
Le 13 mars, ma grand-mère meurt à
Vaufuget et ce fut à nouveau pour mon père et pour tous un très
grand chagrin. L'inhumation eut lieu à Paris, au cimetière Montparnasse,
dans le caveau de famille.
Du 7 juillet au 30 septembre, ma mère
passe l'été à Pornichet avec Pol, Alain et Jo et mon père
vint aussi y passer ses vacances. Nous avions loué un petit appartement
meublé. Mes parents voyaient beaucoup Louise Bonnafont, (dont le mari
avait été tué à la guerre), qui devint plus tard
Madame Binet.
Le 14 octobre, ma mère va à
Moulins auprès de grand-père Barba, qui avait alors 80 ans. Le
17 octobre c'est mon père qui part à Vaufuget dont la maison avait
été laissée en héritage à ma tante Rolland
avec une part de vignes, tandis que le reste des vignes était partagé
entre mon oncle Georges et mon père. Ma tante Rolland gérait l'ensemble
comme elle l'avait toujours fait, mais cela n'allait pas sans heurts avec mon
père.
Le 31 octobre, mon père va à
Lassérade dans la propriété de M. Binet.
Comme je disais plus haut, mes parents,
en 1919, commencèrent à être gênés financièrement.
Pour la première fois depuis leur mariage, ils dépensent plus
que leurs ressources. Ils sont donc obligés de puiser dans leur capital
qui s'amenuisera ainsi petit à petit jusqu'à devenir à
peu près nul à la mort de mon père en 1953, en dehors de
la valeur de la maison de Versailles construite entre temps.
Mon père avait atteint 59 ans et
ma mère 50. Yves, à l'armée, cantonnait quelque part en
Silésie alors revendiquée par la Pologne et l'Allemagne. On devait
faire un plébiscite et des troupes françaises avaient été
envoyées pour maintenir l'ordre. Mais, dans ce pays rigoureusement plat,
on avait fait venir des « chasseurs alpins » !
J’étais à l'École Spéciale de Mécanique
et d'Électricité ; Alain était en pension chez le curé
de Vouvray et devait entrer en avril 1921 à l'École d'Agriculture
d'Angers. Jo était à la maison.
Du 8 au 16 août, mes parents vont avec Alain et Jo, chez les cousins Michon
dans leur propriété de Mont.
Du 17 au 30 août, ils vont tous les quatre à Pornichet, reçus
par M. Ecomard, père de Louise Bonnafont.
Les 18 et 19 septembre, mon père va aux Andelys, chez ses amis Louis
et les 24 et 25 septembre à Calmont, en Normandie, propriété
de nos cousins Dufresne.
Enfin du 3 au 6 septembre, mes parents partent, avec Yves (en permission) et
Alain, à Vouvray et assistent au mariage de Geneviève Rolland
avec le peintre Fernand Morin.
Le 22 février, eut lieu, au cimetière
Montparnasse où mes parents le rejoignirent une trentaine d'années
plus tard, l'inhumation du corps de René. À force de démarches
mon père avait pu, aidé par l’abbé Noël, faire
revenir le corps de Constantinople. Il dût aller à Marseille identifier
le corps.
Du 13 au 18 mars, ma mère va à
Moulins auprès de grand-père Barba.
Yves est démobilisé en mai,
et revient à la rue Ybry.
Les difficultés financières
s'aggravant, mes parents cherchent une installation moins onéreuse et,
en juin nous emménageons dans une villa au 14 de la rue Worth à
Suresnes.
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